«Depuis le retour de la démocratie dans les Amériques, les campagnes électorales sont devenues choses courantes. Au-delà des grands mouvements électoraux continentaux, l’alternance gauche-droite commence à se consolider dans les différentes démocraties du continent. Les partis politiques sont nombreux et bien vivants en Amérique latine, les campagnes électorales et les référendums se multiplient, la violence politique cède la place à la participation électorale, autant de constatations qui nous poussent à voir la démocratie dans l’ensemble des Amériques (ou presque) comme un phénomène de plus en plus pérenne. Bien
entendu, ce constat ne met pas à l’abri des périls qui rôdent autour des systèmes politiques des Amériques tels que les inégalités sociales, la violence sous toutes ses formes ou encore les extrémismes politiques. Par ailleurs, les problèmes que posent les migrations semblent eux aussi en train de se pérenniser sur l’ensemble de la planète. L’utilisation du terme «problème» pour décrire les flux migratoires n’est pas anodine. La migration a, en effet, été sécuritisé par le discours politique depuis le 11 septembre 2001. Phénomène naturel et pluriséculaire, les migrations se sont accélérées au même rythme que s’est développé la mondialisation au cours des dernières années. Ainsi, la rhétorique électorale à propos des migrants est devenue un enjeu carrefour où se cristallisent de nombreux phénomènes et paradoxes. Le discours politique alterne entre euphémisation, propos extrêmes et manichéisme quand il est temps d’aborder les migrations désirées ou non. Les migrants sont stigmatisés et accusés de tous les maux par les uns. Ils sont des victimes et méritent le respect pour les autres. Partisans de la manière forte affrontent ainsi semble-t-il les militants de l’accueil et de l’humanité. Les choses, pourtant, ne sont pas aussi tranchées ou claires quand le discours politique récupère l’enjeu migratoire. Les quatre textes ici réunis dans ces actes de colloque approfondissent les liens entre les phénomènes migratoires et les rhétoriques électorales.»
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