Mise en lumière de nos unités membres : depuis 10 ans, le CERIAS forme des fonctionnaires canadiens
L’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) est fier de mettre en valeur le fait que nos unités membres participent à la formation de la fonction publique. Un entretien a été mené avec Mathieu Boisvert qui nous raconte comment le Centre d’études et de recherches sur l’Inde, l’Asie du Sud et sa diaspora (CERIAS) a été amené à donner des formations à des fonctionnaires canadiens qui traitent d’affaires internationales liées à l’Asie du Sud.
Le CERIAS – le Centre d’études et de recherche sur l’Inde, l’Asie du Sud et sa diaspora – créé en 2013 par le professeur Mathieu Boisvert n’a jamais réellement été financé. Pour autant, à la suite de la mise en ligne du site internet du centre, « grâce à l’IEIM », précise-t-il, Affaires Mondiales Canada (AMC) le contacte pour une formation.
Il s’agit de donner un cours à des agents fédéraux en français et en anglais sur une période de trois jours. Le but est d’offrir une formation ponctuelle et annuelle afin de les mettre à jour sur les réalités contemporaines en Asie du Sud. Dès lors, un partenariat débute entre le CERIAS et l’Institut canadien du service extérieur. Cet institut est une branche d’AMC située à Gatineau où les fonctionnaires qui vont être postés à l’étranger reçoivent des formations.
Après une première expérience menée avec trois collègues, AMC demande un changement au niveau des sujets couverts, ce qui contraint Mathieu Boisvert à trouver des experts capables de couvrir de nouveaux domaines. Et « la mouture est excellente », le CERIAS a alors l’honneur de travailler avec Reeta Chowdhari Tremblay, professeure émérite de politique comparée au Département de science politique de l’Université de Victoria. Elle est une spécialiste internationalement reconnue des mouvements sécessionnistes en Asie du Sud. Le professeur Mritiunjoy Mohant à l’Institut indien de management de Calcutta a également fait partie de l’équipe. Ce dernier est spécialiste en économie politique et en histoire qu’il aborde avec une approche tiers-mondiste.
Cette équipe a donc finalement changé pour laisser partir ces éminent·e·s professeur·e·s à la retraite après la pandémie. La nouvelle équipe est composée depuis deux ans d’ancien·ne·s étudiant·e·s du centre qui étaient en observation. La participation de personnes étudiantes au doctorat est très importante selon Mathieu Boisvert puisque Catherine Viens et Marwan Attalah font du terrain. Leur perspective est donc très ancrée dans la réalité contemporaine d’Asie du Sud et articulée autour de leurs intérêts de recherche « très pertinents ». En collaboration avec trois professeurs d’université, les deux chercheur.e.s doctoraux, élaborent les ateliers afin de permettre « la compréhension de cette région du monde et […] le rôle du Canada en Inde et en Asie du Sud afin de promouvoir les intérêts canadiens dans cette région. » L’atelier se présente sous la forme de huit modules enseignés sur 3 jours.
Pour Mathieu Boisvert, cet exercice mené depuis 10 années est extrêmement formateur, car c’est une collaboration qui évolue et qui l’a amené à s’informer sur certains aspects de l’Asie du Sud contemporaine. En effet, ces prestations sont régies par la règle de Chatham, ce qui est très précieux, car la vingtaine d’expert·e·s peuvent s’exprimer à huis clos. Il est donc nécessaire de mettre à l’aise les participant·e·s afin de faire ressortir leurs besoins. Les questions et problèmes ainsi adressés au groupe permettent également de créer de l’ébullition intellectuelle en amenant d’autres personnes à faire part de leur savoir spécialisé. « On s’adapte à leur besoin de formation même si la perspective est forcément celle des enseignants », glisse Mathieu Boisvert. Pour lui, il doit y avoir une cohérence dans la constitution de l’équipe afin qu’elle parle d’une voix commune.
Pour conclure, cette formation est l’activité du CERIAS la plus bénéfique en termes de reconnaissance institutionnelle. Elle est aussi l’occasion de mettre en lien des fonctionnaires qui travaillent sur le même objet, mais dans différentes institutions. L’importance de cette mission réside dans le fait qu’au Québec, et au Canada en général, on ne connait que très peu l’Asie du Sud, il reste beaucoup de chemin pour saisir les réalités contemporaines qui s’y déploient.
Si les questions liées aux élections fédérales indiennes vous intéressent, le CERIAS et l’IEIM présentent un important événement qui permettra de discuter de ces enjeux. Le panel aura lieu le jeudi 30 novembre 2023, de 17h00 à 19h00 à la salle des Boiseries (J-2805). Les inscriptions sont en cours.