Les accords d’Abraham et les nouveaux liens géostratégiques dans la région du Golfe
Balado de l'IEIM : entretien avec François LaRochelle, 11 avril 2023, François LaRochelle
Dans une ambiance intimiste, le balado « Coup de fil diplomatique » de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) vous propose des regards uniques sur différents enjeux de politique étrangère. Le temps d’un appel, plongez-vous avec nos expert.es dans les grands dossiers de la diplomatie d’hier et de demain.
Les accords d’Abraham et les nouveaux liens géostratégiques dans la région du Golfe : quelles conséquences politiques pour le Moyen-Orient et au-delà ?
À l’automne 2020, l’administration Trump annonçait la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et quatre pays arabes : les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan. On constate aussi une diminution de l’influence des États-Unis et celles montantes de la Chine et de la Russie dans la région du golfe Arabo-Persique. On peut donc parler d’une transition politico-stratégique de certaines des monarchies arabes et s’interroger sur les conséquences politiques induites par ces nouvelles dynamiques. Dans cet épisode, François LaRochelle, fellow de l’IEIM et ancien diplomate canadien, discutera des implications géostratégiques liées à la signature de ces accords.
Extraits :
D’avoir à nouveau des accords avec des pays de la région est l’un des objectifs qu’ils [Israël] visent depuis très longtemps […]. Ils voyaient aussi un potentiel économique et commercial […] pour Israël d’exporter ses produits de technologie, ses produits militaires […] et aussi […] s’attendaient à de l’investissement, notamment des Émirats. D’ailleurs, en 2022, Israël a signé un accord de libre-échange avec les Émirats, [ce qui confirme] l’idée d’établir de bonnes relations commerciales avec les pays de la région.
L’Arabie saoudite est devenue maintenant vraiment le leader du monde arabe. Et donc, ces pays-là veulent avoir une voix au chapitre et pensent que les vieilles structures doivent être changées. Et je vous dirais que jusqu’à un certain point, ils n’ont pas tort. On est en 2023 et les nouvelles réalités sont complètement différentes de l’époque de la création des Nations Unies.
Le Canada est actuellement un petit joueur dans la région, s’il est encore un joueur… Peut-être que certains contrats commerciaux vont passer aux mains des Chinois plutôt qu’aux mains des Canadiens. Au niveau des relations politiques, on n’a plus vraiment de relation avec l’Iran par exemple […]. Le seul aspect positif pour le Canada c’est qu’il y a beaucoup d’immigrants qui viennent de cette région, donc on a une bonne image en termes d’accueil.
Un des éléments qui fait en sorte qu’il va toujours […] y avoir une certaine dépendance des pays du Golfe par rapport à l’Occident et surtout aux Américains, [c’est] que leur armement vient beaucoup des Américains et je doute qu’il puisse être remplacé par de l’équipement russe ou chinois.
– François LaRochelle
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Une émission préparée par Clara Denis-Woelffel, animée par Kim-Mi Bui.