Démocratie et participation citoyenne : défis et perspectives pour un engagement renforcé

Blogue Un seul monde, Carla Mbol, 18 novembre 2024

Dans un monde marqué par des bouleversements politiques et économiques – de la montée des mouvements populistes aux crises environnementales – la participation citoyenne apparaît comme un pilier indispensable pour bâtir des sociétés inclusives et résilientes. En Afrique de l’Ouest, les défis liés à la gouvernance et à la démocratie sont particulièrement prononcés. Les récentes mobilisations populaires, visant à dénoncer la mauvaise gouvernance et les inégalités persistantes, montrent une prise de conscience collective et un désir croissant de transformation sociale. Cependant, de nombreux obstacles, tels que le patriarcat, les inégalités socio-économiques, et l’exclusion des jeunes et des femmes, freinent cette dynamique. Cet article explore les défis actuels de la participation citoyenne en Afrique de l’Ouest et ailleurs, en proposant des pistes concrètes pour encourager un engagement citoyen inclusif et durable.

1. La participation citoyenne : clé de la gouvernance inclusive

La gouvernance inclusive est un modèle qui vise à inclure activement tous les membres de la société, quel que soit leur statut social, économique ou politique, dans les processus de prise de décision. Elle favorise ainsi l’inclusivité et renforce la légitimité des institutions. Dans ce contexte, la participation citoyenne joue un rôle central : elle permet de faire émerger des voix jusque-là ignorées et de favoriser des décisions plus équitables et mieux adaptées aux besoins de la population. Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les modèles de gouvernance inclusive permettent également de renforcer la résilience des démocraties face aux défis modernes.

En Afrique subsaharienne, des initiatives de formation civique permettent aux citoyen-ne-s de s’informer sur leurs droits et de comprendre le rôle de chacun dans la démocratie. Par exemple, au Ghana, le projet « Young Women Leaders Network » met en place des ateliers de formation pour encourager les jeunes femmes à s’impliquer activement dans leur communauté et à défendre leurs droits civiques. Ces ateliers visent à doter les participantes de compétences en leadership et en plaidoyer, des éléments clés pour une gouvernance inclusive et un changement durable.

2. La participation des femmes : vers l’égalité des genres

Malgré des progrès notables, les femmes restent souvent marginalisées au sein des instances décisionnelles. Les obstacles culturels, économiques et structurels réduisent leur accès aux processus de gouvernance et maintiennent un déséquilibre entre les genres. Selon ONU Femmes, les femmes représentent moins de 25,5 % des parlementaires nationaux dans le monde, exposant ainsi l’ampleur de la sous-représentation féminine dans les institutions politiques.

Des initiatives en Afrique de l’Ouest, comme les clubs de leadership pour jeunes filles au Sénégal suite au New Deal, permettent aux participantes de se familiariser avec les enjeux politiques et d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir des actrices de changement dans leur communauté. Par exemple, le « Programme d’Autonomisation des Femmes et des Filles » soutenu par des ONG locales offre un espace sûr pour discuter de l’égalité des genres et de la participation politique, inspirant de nombreuses jeunes filles à se lancer dans des carrières politiques ou communautaires. Grâce à ces efforts, de plus en plus de femmes activement prennent part aux processus décisionnels et influencent positivement les politiques locales.

3. L’engagement des jeunes : une force pour l’avenir

L’engagement des jeunes est crucial pour assurer un avenir démocratique solide. Dans un contexte où cette tranche de la population est souvent marginalisée, des initiatives visant à renforcer leurs compétences en leadership et en plaidoyer sont essentielles pour garantir leur participation active. Dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, des programmes de mentorat et des clubs de jeunes favorisent l’inclusion des jeunes dans la vie publique et les incitent à se mobiliser pour des causes locales.

Au Mali, par exemple, le NMID Mali (Netherlands Institute for Multiparty Democracy) organise des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes sur la démocratie et les droits civiques, tout en leur fournissant des outils pour mener des actions de plaidoyer. Ce programme a permis à de nombreux jeunes d’acquérir des compétences essentielles en matière de communication et de leadership, leur permettant de devenir de véritables moteurs de changement dans leurs communautés respectives.

4. Les défis de la participation citoyenne

Malgré les avancées, plusieurs obstacles freinent une participation citoyenne inclusive et efficace. L’accès limité à l’information, les inégalités économiques et la marginalisation de certains groupes continuent de poser problème. Dans de nombreuses régions du monde, les contextes politiques instables, comme au Soudan ou en République Démocratique du Congo, exacerbent la méfiance envers les institutions publiques, rendant difficile toute initiative de gouvernance inclusive.

En outre, la participation citoyenne peut être freinée par des facteurs économiques et culturels qui marginalisent les femmes et les jeunes. Des programmes comme celui de l’Institut Démocratique National au Libéria tentent de surmonter ces obstacles en offrant des ateliers de formation et des ressources aux citoyens afin de renforcer la confiance dans les processus démocratiques et d’encourager une participation plus active. Le développement de ces initiatives est crucial pour instaurer un climat de confiance entre les citoyen-ne-s et leurs institutions.

5. Pistes d’action pour encourager l’engagement citoyen

Pour que la participation citoyenne devienne une réalité, plusieurs actions peuvent être mises en œuvre :

Conclusion

La participation citoyenne est une force puissante pour favoriser des sociétés plus justes et inclusives, et en Afrique de l’Ouest, cet engagement est à la fois nécessaire et plein de potentiel. Malgré les défis — que ce soient les inégalités socio-économiques, le poids du patriarcat, ou la méfiance envers les institutions — les progrès réalisés, notamment à travers des initiatives locales, démontrent que le changement est possible. Pour que cet élan se poursuive, il est essentiel de renforcer les capacités locales, d’inclure activement les jeunes et les femmes dans les processus décisionnels, et de créer des espaces de dialogue et de formation en leadership. Les Journées québécoises de la solidarité internationale (JQSI) visent à sensibiliser le public québécois aux enjeux de la solidarité internationale et à encourager la réflexion sur les défis et les solutions pour un monde plus juste. En cultivant cette dynamique, nous contribuons à un avenir où chaque voix compte, et où la participation citoyenne peut véritablement transformer les sociétés, tant en Afrique qu’au-delà.


Autrice : Carla Mbol, Agente des communications et de l’engagement du public – Carrefour International.

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