L’IEIM vous présente Rachel Chagnon, doyenne de la Faculté de science politique et de droit de l’UQAM

27 mai 2024

Rachel Chagnon est professeure au Département de sciences juridiques de l’UQAM. Depuis juin 2023, elle occupe le poste de doyenne de la Faculté de science politique et de droit. De ses débuts en tant qu’étudiante à son rôle actuel d’universitaire et de doyenne, en passant par ses activités militantes, elle a su utiliser ses compétences académiques et sa passion pour l’enseignement afin de promouvoir des valeurs d’inclusion et de justice sociale.  

Elle a commencé sa carrière en ayant une forte aspiration à devenir avocate. Diplômée en droit de l’Université de Montréal, elle a poursuivi sa formation à l’École du Barreau, suivie de stages et a obtenu son accréditation. Durant ses études au Barreau, elle a également entrepris une maîtrise en droit commercial international, se concentrant sur le crédit documentaire. Ce dernier est un outil de financement permettant de sécuriser les transactions financières entre acheteurs et vendeurs de continents différents, assurant à chacun que la transaction sera respectée. Son travail de maîtrise portait sur la fraude dans le crédit documentaire, un problème où les vendeurs envoient des documents falsifiés, ne livrant pas la marchandise promise. Cependant, à la fin de sa maîtrise, la Chambre de commerce internationale a modifié les règles, stipulant que la fraude ne serait plus une exception à la validité des transactions. Cela a quelque peu invalidé son travail de recherche, rendant la situation plus difficile pour les acheteurs victimes de fraude. 

Avec la crise économique de 1995 et le manque de postes dans les cabinets d’avocats, elle décide de se réorienter. En 1997, elle entreprend un doctorat en histoire à l’UQAM, en se focalisant sur la genèse de la Constitution canadienne. Cette période a marqué pour elle une rupture nette avec le domaine juridique, au point où elle s’est littéralement départie de ses livres de droit. « J’ai décidé de revenir aux études pour faire un doctorat, mais cette fois en histoire, car je ne voulais plus rien savoir du droit », dit-elle. 

Malgré son intention de quitter le droit, son travail de chargée de cours au Département des sciences juridiques l’a progressivement ramenée vers ce domaine. Elle s’est finalement retrouvée à poser sa candidature pour un poste de professeure de droit, qu’elle a obtenu. Depuis lors, Rachel Chagnon a réussi à bâtir une carrière académique solide. 

« Durant mon doctorat, j’ai eu le temps de réfléchir à ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Malgré les préoccupations financières, j’ai réussi à financer mes études en travaillant et en m’endettant. Aujourd’hui, je suis satisfaite de mon parcours et du fait d’avoir suivi mes passions académiques. » 

En plus de ses responsabilités administratives en tant que doyenne, Rachel Chagnon demeure profondément impliquée dans la recherche académique, contribuant à deux équipes de recherche. Le premier projet de recherche, dirigé par Manon Bergeron, une experte en sexologie et sociologie, se concentre sur la documentation des violences à caractère sexuel dans les milieux de stage universitaires. Ce projet s’intéresse particulièrement aux domaines du droit, de l’éducation, de la santé et du génie.

L’objectif principal est de comprendre les conditions de travail des stagiaires ainsi que les recours disponibles en cas de problème et d’examiner les nouveaux dispositifs législatifs mis en place pour les protéger. La deuxième équipe de recherche dans laquelle Rachel Chagnon est impliquée est une initiative participative dans le milieu de la culture et des médias. Collaborant avec une fédération syndicale, ce projet vise à documenter les pratiques existantes et à améliorer les recours en cas de harcèlement. 

Aujourd’hui, après une année en tant que doyenne, Rachel Chagnon est heureuse que l’esprit d’équipe au sein de la faculté ait été renforcé, que les structures de soutien pour les étudiants internationaux aient été améliorées et que des initiatives de mentorat aient été lancées. L’un des accomplissements dont elle est la plus fière est l’élaboration du premier bilan facultaire de l’histoire de la FSPD. Cette initiative vise à documenter et à partager les réalisations de l’année écoulée, montrant ainsi de manière transparente ce que chaque membre de la faculté a accompli. Pour l’avenir, elle espère continuer à développer la faculté, à la rendre plus inclusive et à valoriser ses atouts uniques. Elle souhaite également voir ses étudiants et ses collègues fiers de leur appartenance à une faculté dynamique et engagée. Elle considère son rôle non seulement comme une position de gestion, mais aussi omme une mission de service auprès de son institution.  

Une partie importante de son mandat actuel de doyenne est de s’assurer que les étudiants internationaux, souvent confrontés à des défis financiers et personnels importants, reçoivent le soutien nécessaire. Elle reconnaît que ces étudiants font de nombreux sacrifices pour venir étudier en Amérique du Nord ou en Europe, espérant offrir à leurs enfants des perspectives meilleures. Rachel se dit préoccupée par le fait que, bien que ces étudiants soient accueillis avec bienveillance, les structures de soutien ne sont pas toujours à la hauteur des promesses faites. Son objectif est de renforcer ces structures pour garantir un accompagnement adéquat. 

Il faut dire que Rachel Chagnon est une militante. Elle incarne une féministe déterminée, profondément engagée dans la recherche et l’action pour l’égalité des sexes. En tant que membre de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), dont elle a également été directrice, elle contribue activement à un mandat militant visant à réaliser une égalité réelle entre les femmes et les hommes. Cet engagement se reflète non seulement dans ses activités académiques, mais aussi dans ses divers rôles au sein de la communauté. Elle a été membre du conseil d’administration de plusieurs organisations à but non lucratif (OBNL), démontrant son engagement envers la justice sociale et le soutien aux communautés vulnérables. Parmi ces organisations figure la Troisième Avenue, qui aide les parents, particulièrement les immigrantes, à comprendre le système scolaire québécois et à soutenir leurs enfants. Cette organisation féministe se distingue par l’implication prédominante des mères dans ces démarches. Elle a également été impliquée avec Relais-femmes, une autre OBNL qui soutient des groupes communautaires en défense de droits. Ces expériences montrent son dévouement à l’égalité des sexes et à l’amélioration des conditions de vie des femmes et des communautés marginalisées. 

En tant que cadre administratif, Rachel Chagnon a dû ajuster son militantisme pour s’adapter à son rôle actuel. Même si elle ne participe plus aux manifestations et doit être prudente dans ses déclarations publiques, ses valeurs féministes et sa vision du monde, ancrée dans le féminisme, restent indissociables de sa pratique professionnelle. 

Pour elle, il est particulièrement important de vivre dans l’instant présent. Elle croit que le vrai bonheur est atteint en se concentrant sur ce que l’on fait ici et maintenant, plutôt qu’en s’inquiétant des choses sur lesquelles on n’a pas de contrôle. Cette philosophie l’aide à trouver du plaisir dans son travail quotidien et à accepter les imprévus de la vie.  

« Je pense que la meilleure décision que j’ai prise a été de vivre dans le moment présent et de faire les choses parce que j’en ai envie. Il faut avoir des rêves et se projeter, mais aussi accepter que la vie ne nous amène pas toujours là où on veut, quand on le veut. Il faut trouver du plaisir dans ce que l’on fait aujourd’hui. » 

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