L’invisibilisation des violences politiques
Jeudi 3 novembre 2022, 9h30-17h00, J-2805 (UQAM)
Les sciences sociales au défi de l’invisibilisation des violences politiques et de leur dépolitisation.
Une définition de la violence politique souvent utilisée en sciences sociales renvoie à des « actes de désorganisation, destruction, blessures dont l’objet, le choix des cibles ou les victimes, les circonstances, l’exécution et/ou les effets acquièrent une signification politique, c’est-à-dire tendent à modifier le comportement d’autrui…[et]… le système social » (Harold Nieburg 1969, Crettiez, 2021). La plupart des approches classiques excluent explicitement ou tacitement les violences de guerre, de genre, coloniales, économiques du spectre des violences politiques.
De Marx aux féministes, jusqu’aux militantes anticapitalistes, écologistes et anticoloniales, l’enjeu des luttes collectives, pratiques et intellectuelles, est cependant de rendre visibles, montrer et énoncer le caractère politique de violences subies et questionner leur légitimation en face de puissants mécanismes d’invisibilisation et de normalisation. Cette invisibilisation recouvre plusieurs formes : silence, déni, déplacement de sens notamment.
Ce colloque traitera des enjeux d’invisibilisation, repérage et reconnaissance des violences politiques dans leurs expressions les moins évidentes à nommer. Quelles sont les technologies politiques qui permettent d’occulter le politique dans les phénomènes violents ? L’objectif est de rassembler des communications originales qui rendent compte des regards interdisciplinaires sur la violence politique et des avenues de recherche qui permettent de documenter et rendre raison de ce type de violence, ses effets, ses victimes et ses bénéficiaires.
PROGRAMME
9h30-9h45 : Accueil et ouverture du colloque
9h45-11h15 : Dimensions internationales de violences politiques discrètes
1. Repérage et continuité des facteurs de violence politique institutionnelle au Libéria après la guerre civile (sur sa proposition le titre est autre: La déliquescence de l’État libérien à travers l’analyse des facteurs d’occurrence de la guerre civile de 1989 à 2003) – Alhassane Keita
2. Syrie : l’explication confessionnelle comme arme de légitimation des violences politiques. – Clara Denis-Woelffel
3. Le traitement des demandes d’asile des Mexicain.es au Canada (2017 – 2022) : la violence politique de l’imaginaire institué – Emma Le Lain
4. Prendre en compte l’histoire pour relire les politiques vis-à-vis des migrant.es forcé.es – Leila CelisDiscutante : Professeure Anne-Marie D’Aoust, Science politique – UQAM
11h30-13h : Colonialités silencieuses 1. L’innocence québécoise : J’aime Hydro et l’invisibilisation du colonialisme québécois – Justine Grandmont2. Politiser les violences anthroponymiques : le pouvoir de nommer en contexte scolaire – Marina Seuve3. Le déni de la violence heurtée par les Autochtones dans le système de justice pénale : les cas du Canada et du Mexique à l’ère de la reconnaissance et la réconciliation – Maria Fernanda Sigüenza VidalDiscutant : Professeur Vincent Romani, Science politique – UQAM
13h-14h : pause
14h-15h30 : Violences dans le milieu du care
1. Les violences psychologiques subies par les préposés.es aux bénéficiaires dans un CHSLD – Larissa Meira Spinelli
2. La répression de la contestation dans les écoles secondaires – Francis Dupuis-Déri
3. Âgisme et torture tranquille – Vincent RomaniDiscutante : Professeure Leila Celis, Sociologie – UQAM
15h30-17h Le repérage des violences genrées
1. Le rapport « Rebâtir la confiance » : un rendez-vous manqué – Mélanie Lemay
2. Révéler l’opérationnalisation de la blanchité des femmes : l’attrait de la phénoménologie – Mieko Tarrius
3. Tania Pierre Charles : Politique de santé reproductive en Haïti : confluence d’impérialisme culturel et violence faite aux femmes Discutante : Professeure Geneviève Pagé, Science politique – UQAM
Pour plus d’informations: https://evenements.uqam.ca/evenements/colloque-l-invisibilisation-des-violences-politiques/22444