Rassembler les compétences permet de mieux diffuser les connaissances
Vingt-neuf unités oeuvrent au sein d’un même institut, 27 février 2013, Dorval Brunelle
Le Devoir – 23 février 2013 – Cahier spécial sur l’enseignement et la recherche – Lien vers l’article : http://www.ledevoir.com/societe/education/371404/rassembler-les-competences-permet-de-mieux-diffuser-les-connaissances
L’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) célèbre ses dix ans d’existence. Durant cette première décennie, il a recruté dans ses rangs plusieurs organismes voués à la recherche qui se sont mutuellement accompagnés pour la réalisation de plusieurs projets.
Dorval Brunelle, directeur de l’IEIM et professeur au département de sociologie de l’UQAM, pose son regard sur les premiers moments de l’existence de l’Institut et retrace son parcours pour bien illustrer ce qu’il est aujourd’hui devenu à la faveur des partenariats qu’il a tissés et des actions qu’il a posées : « Ses premières activités remontent à l’hiver 2003 ; il est important de mentionner qu’il avait été créé avec un soutien financier assez important du ministère fédéral des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI). »
Il rappelle l’objectif de départ : « C’était d’effectuer un rapprochement dans les façons de faire à l’international entre les différents groupes de recherche qui se consacraient à des travaux de cette nature à l’UQAM. Il y avait même chez notre père fondateur, Jacques Lévesque, une vision un peu oecuménique, voire irréaliste, parce qu’il pensait pouvoir regrouper également les centres de recherche en dehors de l’UQAM. Il y avait donc plusieurs équipes qui avaient leur propre façon de faire à l’international, et l’idée, c’était de les chapeauter avec un institut ayant pour fonction de rapprocher les centres, de soutenir leurs activités et d’accroître leurs retombées. »
Initialement, cinq principales unités de recherche ont formé l’IEIM, dont certaines possédaient déjà une solide renommée, à commencer par la plus connue, la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques : « On souhaitait les mettre ensemble et les faire travailler sur certains dossiers tout en mettant de l’avant des initiatives susceptibles d’apporter du renforcement à ceux-ci. »
Il y a aujourd’hui 14 groupes au sein de l’Institut. Si on compte les sous-groupes qui font partie de ces 14, on en arrive à un total de 29 : « Chacune de ces unités est parfaitement autonome, en ce sens qu’elle va chercher son propre financement auprès des organismes subventionnaires institutionnels ou dans le privé. Nous, tenant compte de la richesse de tout ce beau monde, notre rôle, c’est de voir comment on est capables, par exemple, d’organiser un colloque mobilisant un nombre plus ou moins grand de ces unités. »
Dans le feu de l’action
L’Institut a mené à bien des réalisations marquantes : « Les principales relèvent des gros colloques que nous avons organisés. Durant mes mandats, il y en a eu deux, en particulier, qui portaient sur l’Atlantique, dont un qui s’est appelé joyeusement Repenser l’Atlantique et l’autre Communauté atlantique. Pour le premier, la question était de voir comment il se fait que, dans un contexte mondial actuel, l’Atlantique soit moins bien doté en termes d’institutions Nord-Sud que ne l’est, en particulier, le Pacifique. »
Il mesure la portée d’une telle thématique : « Il s’agit de questions de haut niveau qui intéressent à différents égards plusieurs regroupements de chercheurs : dans ce cas, il y avait au menu, bien sûr, la dimension commerciale, les accords de libre-échange Nord-Nord, la question de l’immigration et celle de la sécurité, du rôle de l’OTAN, etc. De tels sujets sont tellement vastes qu’il n’y a pas une de nos unités qui pourrait se lancer dans une aventure comme celle-là. En le faisant à plusieurs, on peut arriver à aborder des sujets très macros en créant un événement qui les réunit. » Quant au deuxième colloque majeur, Communauté atlantique, il s’est inscrit en complémentarité du premier qui portait sur le positionnement en s’interrogeant sur cette question : « Quelles sont et où sont les communautés atlantiques qui fonctionnent sur les trois continents ? »
Une semaine, un pays
Après avoir souligné que l’IEIM a tenu également bon nombre de colloques de moindre envergure, Dorval Brunelle fait ressortir une autre de ses démarches majeures : « On organise chaque année une semaine consacrée à un pays. On a commencé ce projet avec le Japon, ensuite, l’Allemagne, Haïti, l’Égypte, le Brésil et la Chine ont suivi. Cette initiative-là est très intéressante parce qu’elle mobilise tous les gens qui aimeraient ajouter de quelque manière une dimension chinoise ou asiatique à ses travaux. »
Il dégage un trait particulier de l’approche retenue : « Pour prendre cet exemple, on a présenté l’automne dernier la semaine de la Chine en partenariat très serré avec les communautés chinoises d’ici, avec les personnalités officielles et avec les gens d’affaires issus de ce pays. On ouvre donc l’université au complet à la Chine. On en parle sous tous les angles, et pas seulement sous l’angle universitaire. Au programme, il y a la danse, le cinéma, etc. Cet événement remporte beaucoup de succès et accroît grandement notre visibilité auprès des communautés tout en servant à faire connaître l’UQAM. Une telle initiative consolide les liens entre partenaires même une fois que l’événement a pris fin. »
En octobre prochain se déroulera une semaine consacrée au Mexique qui sera suivie en 2014 d’une autre consacrée à l’Inde.
Des projets multiples
Dix ans plus tard, qu’en est-il de l’avenir de l’Institut ? « Je le regarde d’abord à l’intérieur de l’établissement, de l’UQAM. Depuis cinq ans que je suis là, on a beaucoup élargi notre organisation, on est allés chercher des groupes dans d’autres facultés et je veux qu’on continue de rayonner en puisant dans le réseau de l’Université du Québec. » Il apporte cette nuance : « Il ne s’agit pas d’élargir pour élargir et il ne sert à rien de dédoubler certaines fonctions, mais la question de l’international n’appartient plus seulement, comme il y a une vingtaine d’années, à des politologues ou des juristes. Il serait intéressant de voir des géographes, des gestionnaires et des gens d’autres professions qui s’occupent de l’international. »
Il pose de plus le constat que l’Institut pourrait bien un jour se tourner vers l’enseignement. À cet égard, il est bien conscient des difficultés de chevauchement qui se posent tout en caressant un rêve : « L’utopiste en moi a toujours pensé que les universités de Montréal pourraient donner des cours durant tout l’été et je n’ai jamais compris pourquoi elles étaient à peu près vides durant cette période alors que c’est la plus belle saison de l’année. À ce moment, on pourrait multiplier les programmes d’été pour les étudiants étrangers. »
Lisez le texte original sur Le Devoir, mercredi 27 février 2013 http://www.ledevoir.com/societe/education/371404/rassembler-les-competences-permet-de-mieux-diffuser-les-connaissances
Photo : Nathalie Saint-Pierre UQAM
Dorval Brunelle est directeur de l’IEIM et professeur au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal.