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Bill Gates ne changera pas le monde avec sa toilette nouveau genre

Un adulte et un enfant utilisent des latrines publiques se jetant dans la mer dans un bidonville de Jakarta, en Indonésie.
Des latrines publiques se jetant dans la mer dans un bidonville de Jakarta, en Indonésie. PHOTO : Reuters / Beawiharta Beawiharta
Publié le 28 novembre 2018

Ce n'est pas de nouvelle technologie dont les pays pauvres ont besoin pour favoriser l'accès aux toilettes, mais bien d'éducation et d'installations qui correspondent aux coutumes locales. C'est la réaction de François Audet et de Danielle Perreault au plan de la Fondation Bill Gates de financer des toilettes nouveau genre, sans connexion aux égouts, pour les 4,5 milliards de personnes qui n'ont pas accès à des installations hygiéniques pour gérer leurs excréments. Le directeur de l'Institut d'études internationales de Montréal et la médecin expliquent à Catherine Perrin que de simples latrines protégeant l'intimité conviendraient amplement dans bien des régions du monde.

« S’il n’y a pas un minimum d’éducation et de sensibilisation dans l’utilisation de la latrine – c’est-à-dire de faire passer une communauté du champ à ces petites cabines – [les gens] ne l'utiliseront pas, indique François Audet. Il y a des milliers de latrines un peu partout sur la planète qui servent d’entrepôts, et qui ne sont pas utilisées par les communautés parce qu’on ne leur a pas expliqué à quoi ça sert et les bienfaits de ça. »

Irresponsable

Le spécialiste en aide internationale trouve louable l’intention de Bill Gates de financer l’implantation de toilettes sans égouts dans des endroits comme l’Inde, le Bangladesh et le Nigeria, puisqu’elle relance la conversation sur la contamination à laquelle s’exposent les communautés rurales sans installations sanitaires, mais considère sa solution irresponsable.

« Je trouve assez aberrant qu’on arrive avec une solution clé en main. À partir du moment où le petit tuyau casse, la population n’a pas accès aux technologies. Elle ne sait même pas comment ça fonctionne. Qui va venir s’en occuper? […] J’aimerais que ce genre de démarche soit mieux pensé et plus sensible aux cultures et aux réalités du terrain. »

— Une citation de  François Audet

L’intimité avant la technologie

Danielle Perreault souligne que dans bien des endroits, la simple absence de toilettes genrées fait que les populations ne se servent pas des installations existantes. Elle en appelle à la vigilance pour la mise en place de nouvelles installations. « En Inde, le fait de ne pas avoir de toilettes pour les femmes est l’une des principales causes de viol, dit-elle. En Afrique, vous avez de petites filles qui ne vont plus à l’école parce qu’il n’y a pas de toilettes pour les petites filles. »

Des alliés pour changer les mœurs

« C’est toujours une tendance dans l’aide internationale d’y aller avec la dernière technologie. […] Le comportement humain est très peu tenu en compte quand on vient faire des changements et évoluer sur un certain sujet », déplore la médecin.

Elle favorise plutôt la formation d’agents de santé qui éduqueront les populations aux bienfaits d’un meilleur contrôle des facteurs pouvant causer la gastro-entérite : « Si la population voit des résultats, là, vous aurez des changements de comportement. »

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