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Conférence internationale du GERIQ

Trump et nous. La résurgence du nationalisme économique, les négociations commerciales et l’agenda « progressiste » : enjeux et stratégies

Jeudi 21 mars et vendredi 22 mars 2019, École nationale d’administration publique (ÉNAP)


Trump et nous. La résurgence du nationalisme économique, les négociations commerciales et l’agenda « progressiste » : enjeux et stratégies

Conférence internationale du GERIQ qui aura lieu à L’ENAP
Quand ?
Du jeudi 21 au vendredi 22 mars 2019
Où ?
Auditorium de l’École nationale d’administration publique
4750, avenue Henri-Julien, Montréal, Local 4037
à 2 minutes des métros Laurier et Mont-Royal (ligne orange)

Accessible aux fauteuils roulants

Inscription obligatoire sur Eventbrite

Coût Gratuit, inscription ci-haut

Mise en contexte

Depuis 2017, le gouvernement du Canada se fait le promoteur d’un agenda « progressiste » en matière de commerce international. Le gouvernement Trudeau prône un commerce mondial (et régional) plus équitable qui serait au service de la classe moyenne et des plus vulnérables. Afin de mettre en œuvre ce projet, le Canada tente d’imposer de nouvelles clauses « sociales » et « environnementales » aux accords de libre-échange. Le gouvernement du Canada souhaite réformer les traités commerciaux sur plusieurs aspects, que ce soit sur les droits des travailleurs, l’environnement et les changements climatiques, l’égalité entre les hommes et les femmes ou les droits des Premières nations. Cet agenda progressiste comptait parmi les thèmes du Sommet du G7 dont le Canada fût l’hôte en 2018. Or, cet agenda tranche sensiblement avec le populisme ambiant et le retour du nationalisme économique puis du protectionnisme aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Il tranche également avec certaines des pratiques commerciales du Canada lui-même.

En effet, quelques jours après son entrée en fonctions, le Président Trump a signé un décret présidentiel mettant fin à la participation des États-Unis au Partenariat transpacifique (PTP). Ce traité, que l’on considérait (non sans motivations « nationalistes », d’ailleurs) devoir faire contrepoids à la Chine, avait été signé en 2015 par douze pays de l’Asie et du Pacifique représentant 40 % de l’économie mondiale, dont le Canada et les États-Unis. À la suite du retrait de ces derniers, le Canada a participé à des discussions avec les dix autres partenaires du traité initial en vue de la conclusion d’un nouveau « Partenariat transpacifique global et progressiste » comprenant de nouvelles exceptions en matière de culture, de propriété intellectuelle, et d’investissements étrangers. Or, la volonté du Canada d’en venir à un tel accord relève aussi en partie d’un repositionnement commercial stratégique vers l’Asie en réaction à la montée du protectionnisme américain, repositionnement qui n’est pas étranger à ses positions contradictoires sur l’environnement, les droits des Premières nations, et le projet de pipeline Trans-Mountain.

Au cours des premiers mois de sa présidence, Donald Trump a également imposé à ses partenaires canadien et mexicain une renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), qui constituait selon lui le « pire accord commercial de tous les temps ». Rappelons cependant que ce n’est pas la première fois que le Canada et le monde font face aux velléités protectionnistes des États-Unis. Au début des années 1980, l’administration Reagan avait considéré les pratiques commerciales du Japon, de l’Europe et des nouveaux pays industrialisés d’Asie comme étant à l’origine des difficultés économiques des États-Unis. Pensons également au procès mené contre le Mexique, la Chine et l’ALÉNA lors des élections présidentielles qui devaient mener Bill Clinton (1992) et Barack Obama (2007) à la Maison-Blanche. Les propos de l’adversaire de Clinton, Ross Perot, évoquant ce « gigantesque bruit de succion » (giant sucking sound) des relocalisations au Mexique, ou ceux d’Obama lui-même qui parlait de l’ALÉNA comme d’un accord « injuste » pour les travailleurs et n’ayant jamais bénéficié aux États-Unis résonnaient d’ailleurs encore lors de la campagne de 2016. L’agenda « progressiste » canadien rappelle par ailleurs l’exigence, de la part des États-Unis sous Bill Clinton, de rouvrir l’ALÉNA pour y ajouter deux accords parallèles sur l’environnement et le travail.

Le 23 juin 2016, de l’autre côté de l’Atlantique, une faible majorité de Britanniques a voté pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Dans la foulée de ce vote le gouvernement britannique actuel, dirigé par Theresa May, défend une posture passablement radicale en prônant un retrait complet du pays tant de l’Union douanière que du Marché unique européens, à la faveur de nouvelles négociations commerciales « bilatérales » avec les États-Unis et les pays du Commonwealth, notamment. À la lumière de ces récents événements, l’avenir du libre-échange ne semble pas reluisant. Malgré les discours plus positifs du Premier ministre canadien Justin Trudeau, de la Chancelière allemande Angela Merkel ou encore du Président français Emmanuel Macron, le pessimisme quant au libre-échange est partout palpable.

Il est tout de même paradoxal de constater que l’un des plus grands défenseurs du libre-échange dans le monde dirige une dictature communiste dont une part non-négligeable de l’économie nationale relève de sociétés d’État et d’investissements publics massifs. Le président chinois Xi Jinping, lors du discours d’ouverture du Forum économique mondial de Davos en 2017, s’est ainsi fait le défenseur de la mondialisation et de la libéralisation des échanges. Selon lui, « la mondialisation économique a propulsé la croissance mondiale, facilité la circulation des biens et du capital, permis l’avancement de la science, de la technologie et de la civilisation et facilité les interactions entre les peuples ». D’autres leaders mondiaux, comme le Premier ministre du Japon Shinzo Abe, ont préféré faire profil bas et privilégier les contacts bilatéraux directs avec le nouveau Président américain pour lui rappeler les liens économiques et sécuritaires qui unissent leurs pays. Dans tous les cas toutefois, les intérêts « nationaux » semblent désormais primer sur les principes libéraux.

Dans ce contexte, l’agenda progressiste du Canada tranche sensiblement avec le virage de plus en plus nationaliste et protectionniste qui caractérise l’économie politique internationale depuis 2008. L’objectif de cette conférence est de faire le point sur ce que représente dans les faits l’agenda commercial « progressiste » du gouvernement du Canada, puis sur les manières dont la résurgence du nationalisme économique – notamment aux États-Unis, en Europe et en Asie – force le Canada et les autres pays industrialisés à repenser leurs stratégies commerciales. Ces questions y seront traitées sous différents angles – théoriques, historiques, commerciaux, fiscaux, juridiques, politiques, diplomatiques, sécuritaires, environnementaux, syndicaux et sociaux – par les plus grands experts québécois, canadiens, américains, mexicains, européens et asiatiques de ces domaines. Cette conférence se veut ainsi l’un des premiers points de rencontre des chercheurs travaillant sur le commerce international et le nationalisme économique, dans un contexte où il est désormais impossible d’évoquer l’un sans évoquer l’autre.

Context

Since 2017, the Government of Canada is promoting a “progressive” agenda in international trade. Canada is indeed officially encouraging a more equitable, “middle-to-lower-class” centered approach to world trade and regional trade. To implement such an approach, Canada is trying to include new social and environmental dispositions to it free-trade agreements. The Canadian government hopes to reform commercial treaties on a number of aspects, such as working conditions, environmental protection, gender equality, and the rights of First Nations. This “progressive” trade agenda was, for instance, among the themes of the Canadian G7 Summit held in 2018. Yet, this agenda clashes with the rise of populism and the resurgence of economic nationalism in the US and around the globe. Besides, it also clashes with some of the trade practices of Canada itself.

Shortly after President Donald Trump entered office for example, a presidential decree was signed which ended the United States’ participation in the Trans-Pacific Partnership (TPP). This treaty (not devoid of nationalist motivations in the first place) was notably devised as a counterweight against China and was signed in 2015 by twelve countries in Asia and the Pacific, including Canada and the US, which together represented 40% of the world’s GDP. Following the withdrawal of the US, Canada partook in new discussions with the ten other partners of the original agreement to conclude a new “Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership (CPTPP) including additional exceptions on culture, intellectual property, and foreign investment. On the other hand, Canada’s wish to conclude such a multilateral deal also reflected its own, strategic commercial repositioning toward Asia in reaction to the rise of American protectionism, a repositioning which can help explain some of its contradictory positions on the environment, the rights of First Nations, and the Trans-Mountain pipeline project.

During the first months of its presidency moreover, Trump imposed a renegotiation of the North American Free Trade Agreement (NAFTA), presented as the “worst trade deal of all time,” on its Canadian and Mexican partners. It should be recalled, however, that this is not the first time that Canada and the world have to face the US’ protectionist inclinations. In the early to mid-1980s, the Reagan administration considered the trade practices of Japan, Europe and the “Asian Tigers” as detrimental to the US economy. Harsh criticisms were also addressed to Mexico, China and NAFTA during the presidential elections which saw Bill Clinton (1992) and Barack Obama (2007) elected to the White House. The words of Clinton’s adversary, Ross Perot, evoking the “giant sucking sound” of jobs leaving for Mexico, or the words of Obama himself describing NAFTA as “unjust” for workers and as having never benefited the US, were still resonating during the last presidential campaign. Canada’s “progressive” agenda, besides, is reminiscent of the Clinton administration’s insisting on reopening NAFTA to include parallel agreements on working standards and the environment.

On the other side of the Atlantic, on June 23rd, 2016, a slight majority of British citizens voted in favor of the withdrawal of the United Kingdom from the European Union. Following this referendum, the British government currently headed by Theresa May adopted an aggressive posture by promoting the UK’s complete withdrawal from both the EU’s Customs Union and Single Market, and by prioritizing new “bilateral” negotiations with the US and Commonwealth countries, notably. Despite the positive discourses of Canadian Prime Minister Trudeau, German Chancellor Merkel, or French President Macron, pessimism with regards to free trade is palpable everywhere.

Paradoxically we are witnessing a communist dictatorship, of which a large part of the economy is dependent on state corporations and public investment, become one of the most important proponents of free trade. Chinese President Xi Jinping, indeed, presented himself as a fervent advocate of globalization and trade liberalization in its opening speech at the 2017 World Economic Forum in Davos. According to him, “globalization has powered global growth and facilitated movement of goods and capital, advances in science, technology and civilization, and interactions among peoples.” Other world leaders, such as Japan’s Prime Minister Shinzo Abe, opted for a low-profile approach and prioritized direct bilateral contacts with the new American President to remind him of the economic and security interest linking their countries. In any case however, “national” interests now seem to override liberal principles.

In this context, Canada’s “progressive” agenda seems to clash with the increasingly nationalist and protectionist turn that characterizes international political economy since 2008. The objective of this conference is to take stock of the true meaning of such an agenda, and of the ways in which the resurgence of economic nationalism – in the US, Europe and Asia – is forcing Canada and other industrialized countries to rethink their commercial strategies. These issues will be addressed from different angles – theoretical, historical, commercial, fiscal, legal, political, diplomatic, military, environmental, and social – by foremost experts from Quebec, Canada, the US, Mexico, Europe, and Asia. This conference is thus meant to be one of the first meeting points for academics working on international trade and economic nationalism, in a context where it has become impossible to invoke one without invoking the other.

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