
Retour sur l’événement « La diplomatie vaccinale – Entre équité et nationalisme »
L’événement a eu lieu le 14 juin 2021
Le 14 juin 2021, le directeur de l’IEIM, François Audet, a eu le plaisir de s’entretenir avec Agathe Demarais, directrice des prévisions mondiales au sein de l’Economist Intelligence Unit (The EIU), la division de recherche et d’analyse appartenant à The Economist Group. Tenu au lendemain du Sommet du G7, et organisé en collaboration avec l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires (OCCAH), l’événement intitulé « La diplomatie vaccinale – Entre équité et nationalisme » a porté sur un sujet incontournable de l’actualité internationale.
L’entretien a été introduit par la rectrice de l’UQAM, Magda Fusaro, qui a notamment souligné l’importance de contribuer, par des événements comme celui-ci, à l’avancement et à la diffusion du savoir en langue française. Elle a également fait valoir le rôle joué par l’IEIM et ses unités de recherche membres, qui ont été aux premières loges pour mettre en lumière les différents enjeux de la crise – diplomatiques, scientifiques, économiques, et sanitaires – et ce, depuis le début de la pandémie. La rectrice s’est par ailleurs dite de celles qui pensent que notre soi-disant « normalité » n’en est plus une, et que celle-ci sera modifiée de façon assez radicale par les transformations que laissera la gestion de la pandémie.
La pandémie nous aura appris une autre chose : rien ne doit être tenu pour acquis.
– Magda Fusaro, rectrice, Université du Québec à Montréal (UQAM)
La discussion entre François Audet et Agathe Demarais a d’abord porté sur la promesse du G7 de fournir un milliard de vaccins aux pays en développement. Une annonce que madame Demarais a qualifiée de plus symbolique que matérielle pour le moment, rappelant que ce nombre ne représentait qu’une petite partie des doses nécessaires.
Au sujet de la diplomatie vaccinale chinoise et russe, qui est en pleine action depuis maintenant plusieurs mois, Agathe Demarais a dit identifier trois objectifs propres aux deux pays : s’imposer en tant que grandes puissances sur la scène internationale, augmenter leur influence sur le monde en développement et s’illustrer comme fournisseurs stables.
Questionnée par François Audet au sujet de l’importance de la vaccination, madame Demarais a identifié des problèmes majeurs qui pourraient compliquer l’effort mondial, parmi lesquels les difficultés liées au transport des vaccins, la nécessité de préserver la chaîne de froid, le financement, l’hésitation vaccinale et les spécificités régionales. Il lui apparaît donc évident « qu’un certain nombre de pays va simplement faire le choix de repousser la vaccination ». Quant à la levée des brevets, l’invitée a dit considérer la question importante en précisant que le cas échéant, les bénéfices ne se feraient pas ressentir avant 2023.
Compte tenu de la situation et du ressentiment dans un certain nombre de pays en voie de développement à l’égard des pays riches, qui sont vus comme contrôlant l’approvisionnement aux vaccins, on ouvre un boulevard à la Russie et à la Chine concernant la diplomatie vaccinale.
– Agathe Demarais, directrice des prévisions mondiales, The Economist Intelligence Unit (EIU)
Au sujet de la gestion canadienne de la crise sanitaire, madame Demarais a relevé que le taux de mortalité au Canada est parmi les plus bas au monde et que notre pays se classe premier en ce qui a trait à la proportion de la population qui a reçu au moins une dose du vaccin. Toutefois, faisant le parallèle avec la situation à Londres, elle a exposé que le pari de prioriser les premières doses et de négliger les deuxièmes pourrait se retourner contre le Canada, en raison des nouveaux variants qui ne rendent les vaccins pleinement efficaces qu’après deux doses.
Finalement, questionnée par François Audet sur ce que nous réservent les douze à vingt-quatre prochains mois, et faisant écho aux propos tenus en ouverture par la rectrice de l’UQAM, Agathe Demarais a fait la prévision qu’il n’y aura jamais de « retour à la normalité », tant au niveau sanitaire qu’au niveau économique et social.
Les scénarios partagés aujourd’hui, dans le meilleur comme dans le pire, maintiennent l’hypothèse d’une « nouvelle normalité ».
– François Audet, directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM)
Cet événement est venu conclure de très belle façon la programmation 2020-2021 de l’IEIM, qui a été riche en événements virtuels de toutes sortes. Nos remerciements à Agathe Demarais et à l’Economist Intelligence Unit (The EIU) pour avoir accepté notre invitation.