
Notes de recherche sur l’inflation et les coûts de l’énergie
Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 11 mai 2023, Julien Frédéric Martin
Julien Martin, titulaire de la Chaire de recherche sur l’impact local des firmes multinationales (CRILFM), est co-auteur de deux notes de recherche qui traitent de la hausse de l’inflation et des coûts de l’énergie :
La flambée des prix de l’énergie et des importations pèse sur les coûts de production des entreprises qui les répercutent sur leurs prix de vente et alimente l’inflation. Dans l’industrie manufacturière, sur la période allant de début 2021 à mi-2022, une hausse du prix des intrants importés (hors produits énergétiques) renchérissant les coûts de production de 10 % conduit par effet de transmission directe à une hausse du prix de vente de 5 % en moyenne. Une hausse du prix de l’énergie est complètement répercutée sur le prix de vente. Entre le premier trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2022, cette seule transmission directe rend compte d’une hausse de l’indice des prix de production de près de 14 points et de près de 10 points respectivement pour la chimie et la métallurgie, qui sont des secteurs particulièrement touchés. Cette contribution est limitée à un peu plus de 2 points pour la moitié des entreprises les moins affectées mais dépasse 20 points pour les 1 % les plus touchées.
Auteur.es : Raphaël Lafrogne-Joussier, Insee et CREST-École polytechnique, Isabelle Méjean, Sciences-Po et CEPR et Julien Martin, titulaire de la Chaire de recherche sur l’impact local des firmes multinationales (CRILFM)
Nous utilisons les données de prix au niveau microéconomique sous-jacentes à l’indice des prix à la production français entre janvier 2018 et juillet 2022, ainsi que des mesures externes de l’exposition des entreprises aux intrants importés et aux chocs des coûts énergétiques, pour étudier le rôle des chocs externes dans l’inflation récente. Lors de la révision de leurs prix, les entreprises de notre échantillon répercutent 30 % des variations du prix des intrants importés et 100 % des variations des coûts énergétiques qui ont eu lieu depuis la dernière révision, conditionnellement à leur exposition à ces chocs. Pour l’entreprise moyenne de nos données, cela implique qu’une augmentation de 10% des coûts importés entraîne une hausse de 0,74% des prix de production, tandis qu’un choc de 10% des coûts de l’énergie induit une augmentation des prix de 0,73%. Nous étudions comment les taux de transmission varient d’une entreprise à l’autre en fonction de leur taille et de leur exposition aux chocs. Les taux de transmission sont asymétriques, les chocs de coûts positifs induisant une répercussion significativement plus importante que les chocs négatifs. L’hétérogénéité de l’exposition aux chocs externes, entre les entreprises et les secteurs, entraîne des différences importantes dans la dynamique de l’inflation. Pour illustrer cela, nous prédisons les variations de prix à partir des variations cumulées des intrants importés et des prix de l’énergie entre janvier 2021 et juillet 2022. 70 à 75 % de la variance des changements de prix prédits se produit au sein des industries, d’une entreprise à l’autre. Les industries chimiques et métallurgiques ont été les plus touchées par les chocs des coûts des importations et de l’énergie, qui ont contribué à une augmentation des prix à la production dans ces secteurs de 9 à 14 points de pourcentage.
Auteur.es : Raphaël Lafrogne-Joussier, Insee et CREST-École polytechnique, Isabelle Méjean, Sciences-Po et CEPR et Julien Martin, titulaire de la Chaire de recherche sur l’impact local des firmes multinationales (CRILFM)