L’IEIM vous présente Neko Likongo, directeur du Service des relations internationales et diplomatiques de l’UQAM
M. Likongo est notamment diplômé de l’UQAM en science politique, 6 juillet 2020
Le parcours académique et professionnel de Neko Likongo révèle un ancrage indéfectible dans le domaine des affaires institutionnelles, gouvernementales et internationales. Se remémorant l’époque où il était étudiant au baccalauréat en science politique à l’UQAM, au milieu des années 1990, il évoque le souvenir d’un professeur qui donnait un cours d’introduction aux relations internationales et dont les vastes connaissances, le charisme et le pragmatisme l’ont particulièrement marqué. L’effet fut tel qu’en acceptant son nouvel emploi à l’UQAM, où il dirige aujourd’hui le Service des relations internationales et diplomatiques , Neko ne put s’empêcher de communiquer avec son ancien enseignant afin de lui faire part de son appréciation pour ce cours, suivi il y a 25 ans. « J’ignore s’il se souvient de moi, mais il m’a souhaité bonne chance dans mon nouveau poste », dit-il en riant.
L’entrée en fonction à l’UQAM de Neko, qu’il caractérise comme « fracassante », est survenue en février dernier, à peine un mois avant la déclaration de la pandémie mondiale et la mise en place des mesures de confinement au Québec. « Nous avions des étudiants piégés à l’étranger qu’il nous a fallu rapatrier. Les week-ends ont été courts et nous travaillions tard dans la soirée ». L’intensité de ces quatre premiers mois s’étant désormais amoindrie, Neko estime que le poste qu’il occupe aujourd’hui lui permet de mobiliser l’ensemble de son expérience en relations internationales. « Cet emploi vient chercher toutes les cordes que j’avais à mon arc, et j’ai le sentiment que je vais réellement pouvoir les utiliser maintenant ».
Titulaire d’un baccalauréat en droit de l’Université de Montréal, et d’une maîtrise en droit international et transnational de l’Université Laval qu’il a obtenus à la suite de son baccalauréat à l’UQAM, Neko a brièvement travaillé en journalisme avant d’être accueilli au ministère des Relations internationales et de la Francophonie. C’est ainsi qu’il a œuvré en tant que conseiller en affaires internationales pendant une dizaine d’années, réparties entre 2000 et 2015. Il a également occupé le poste de Directeur de cabinet de la ministre déléguée aux Affaires autochtones entre 2012 et 2014 sous le gouvernement Marois.
Les dossiers internationaux dont Neko est passionné concernent aujourd’hui la communauté universitaire. Avant de se joindre au SRI, il a dirigé pendant quatre ans le Bureau des étudiants internationaux de l’Université de Montréal, dont la mission consiste à faciliter l’intégration de ces derniers au milieu académique et à la société du Québec.
Se rappelant sa transition vers le milieu universitaire montréalais, Neko admet qu’au départ, l’aspect international du poste au Bureau des étudiants internationaux l’avait principalement stimulé. Néanmoins, il s’est senti concerné par des enjeux plus locaux, qui relèvent de la société québécoise, telle l’annonce en juillet 2019 des modifications proposées au Programme de l’expérience québécoise (PEQ).
En voyant s’éteindre leur plan d’accès à la résidence permanente, la détresse qu’éprouvaient ces étudiants m’émouvait, car ce sont des individus d’origines culturelles variées, mais qui souhaitaient intégrer le Québec.
Ce dossier, explique-t-il, rejoignait une volonté de faire valoir la diversité culturelle qui l’a toujours animée.
Né d’une mère québécoise et d’un père congolais, Neko a vu le jour à Montréal, mais a vécu sa petite enfance à Kinshasa, en République démocratique du Congo (à l’époque le Zaïre), avant que ses parents décident de s’établir en permanence au Québec, alors qu’il était âgé de 6 ans. Aujourd’hui, les manifestations de racisme et de discrimination qui existent dans la société le troublent : « J’ai été élevé dans un Québec de souche, et cela m’a heurté dès que j’étais jeune, ce premier contact avec le racisme. J’ai toujours été sensible aux cas de discrimination envers les minorités visibles ou culturelles. »
Cette sensibilité face à l’injustice et à la marginalisation dont nous fait part Neko est mise en exergue lorsqu’il se remémore l’un des événements historiques l’ayant le plus profondément marqué : la libération de Nelson Mandela. Alors qu’il était jeune, les amis de son père distribuaient des dépliants afin de sensibiliser la population à l’apartheid et à la ségrégation raciale, dont il ne saisissait pas entièrement le sens à l’époque. Ce n’est que quelques années plus tard qu’il a pu appréhender l’ampleur de ce que signifient l’incarcération et la libération de cet homme extraordinaire. « Ça m’a vraiment ému d’apprendre qu’il avait été libéré. J’étais joyeux ».
Partout où il s’engage, Neko est porteur d’un message de respect, de diversité et d’inclusivité. Il a notamment abordé cet enjeu au Parti québécois, une formation politique qui traine une difficulté de longue date quant au recrutement de membres issus des minorités visibles et culturelles. Le respect de la diversité est l’une des valeurs les plus importantes qu’il estime avoir héritées de ses parents, qui aujourd’hui lui sont toujours une source d’inspiration. C’est à ce duo parental qu’il attribue également sa détermination. Sa mère, née dans le modeste quartier montréalais du Centre-Sud au cours des années 1940, est devenue médecin dans la jeune vingtaine, en dépit des faibles ressources financières dont elle disposait et des obstacles liés au genre, qui freinaient pour bien des femmes l’exercice de cette profession à l’époque. Son père, quant à lui, a grandi au Congo, en pleine forêt équatoriale dans un milieu qu’il caractérise de démuni. C’est grâce aux cotisations et à l’appui assidu de sa famille que sa détermination a pu porter fruit, lorsqu’il obtint lui aussi son diplôme en médecine. S’étant établi à Montréal, le couple Lachapelle-Likongo a fait carrière dans le milieu des CHSLD. « Mes parents étaient très près des gens, très attentionnés à l’égard des patients. Si on remonte à ma jeunesse, c’est vraiment eux qui m’ont influencé ».
Cette influence est d’une telle ampleur que lorsque Neko se rappelle l’un des plus grands moments de sa carrière, il évoque un souvenir de sa mère. S’étant présenté en tant que candidat péquiste pour la circonscription de Jean-Talon lors de l’élection générale québécoise de 2012, Neko a écopé d’une défaite. Néanmoins, cette campagne a entraîné sa nomination en tant que Directeur de cabinet à la suite de l’arrivée au pouvoir du gouvernement Marois. Neko se souvient que sa mère, fervente souverainiste, avait l’habitude de lui parler de René Lévesque et des « anciens » du parti. En 2012, elle commençait cependant à souffrir de la maladie d’Alzheimer, et c’est ainsi qu’il prit les dispositions pour lui faire rencontrer la première ministre Pauline Marois à l’Assemblée nationale. « Pour moi, c’était une source de fierté d’avoir réussi à faire ce lien entre ma mère et les politiciens qu’elle adorait. Dans ma carrière, c’est quelque chose qui m’a profondément marqué, c’est un point culminant ».
C’est au tour de l’IEIM d’être fier de compter Neko Likongo parmi ses collaborateurs.