L’IEIM vous présente Gustavo Gabriel Santafé, doctorant en science politique et auxiliaire de recherche et d’enseignement à l’UQAM

Il est également chercheur émergent au CRIDAQ, 11 octobre 2022

Doctorant, auxiliaire de recherche et d’enseignement, Gustavo Gabriel est curieux et passionné par son sujet : le fédéralisme. De fait, ses travaux passés et présents s’ancrent doublement dans l’actualité : celle des élections provinciales québécoises ; celle des élections générales brésiliennes.

« Depuis mon baccalauréat en science politique à l’Université Laval, je voulais faire de la recherche scientifique ». Gustavo Gabriel a donc mis toute « [s]on énergie pour construire un dossier solide pour les demandes de bourses, pour intégrer un bon groupe de recherche et poursuivre des études aux cycles supérieurs ».

Lorsqu’il entame ses premières recherches sous la direction d’Alain Gagnon, professeur à l’UQAM et fondateur du Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ), il constate que les travaux sur le nationalisme québécois se concentrent surtout sur le Parti québécois (PQ) et les mouvements sociaux – les rapports entre le Parti libéral du Québec (PLQ) et la question nationale étaient moins explorés. Dans son mémoire de maîtrise, Gustavo Gabriel retraçait ainsi les prises de position constitutionnelles du PLQ depuis les années 1960 à 2018. Il cherchait à explorer les conceptions de la nation et du fédéralisme canadien portées par le PLQ, en réalisant une « analyse thématique » des documents publiés par le parti sur cette période. Il identifiait trois moments importants : l’autonomie (1960 à 1978) ; la souveraineté (1979 à 1993); l’habilitation (1994 à 2018). Ce qui est notable dit-il, c’est que « le PLQ, au cours de son histoire, est traversé par ces deux grandes thématiques : son allégeance à l’idéologie fédéraliste et une conception de la nation qui pense le développement culturel et linguistique du Québec, à l’intérieur du Canada ».

Cependant, « avec les élections de 2022, ces éléments sont de plus en plus laissés de côté, remarque-t-il : le parti s’est concentré sur les enjeux économiques, environnementaux de même que sur la question de l’immigration. Il y a une forme de rupture avec son histoire partisane ». « À l’avenir, le parti va-t-il puiser dans cette vision historique du Canada et du Québec ? ». Pour le moment, ce n’est pas le cas. À suivre…

Au doctorat, parce qu’il s’entend très bien avec son directeur de thèse et ses collègues, Gustavo Gabriel fait le choix de rester à l’UQAM. Il souligne que leur équipe de recherche est « formidable », ce qui a joué en faveur d’un séjour prolongé à l’UQAM, plutôt que d’un éloignement vers le monde académique anglophone. « Beaucoup d’activités, de possibilités de publications, de contrats de recherche sont offerts aux étudiants au Département de science politique et dans les unités de recherche :  je ne voyais pas la nécessité de m’éloigner. »

Avec sa recherche doctorale financée par le FRQSC, il souhaite combler une « brèche » dans la littérature académique, et renouer avec ses racines [il est né en Colombie]. Il veut « faire le lien entre les travaux sur le fédéralisme canadien et ce milieu politique, culturel et géographique dans lequel [il est] né, l’Amérique latine, en étudiant le lien entre démocratie et fédéralisme ».

Dans le contexte des transitions démocratiques, il souhaite réaliser une analyse du fédéralisme en Amérique latine, une comparaison entre l’Argentine et le Brésil, deux États passés d’un régime militaire dans les années 1980 à une démocratie. « Comment les institutions fédérales ont-elles été marquées par la transition démocratique ? Comment cela se manifeste-t-il aujourd’hui ? Quels sont les rapports entre démocratie et fédéralisme ? ».

Ce qu’il observe avec l’élection en cours au Brésil, c’est « plus qu’une élection pour la présidence d’une fédération : c’est le futur du pays qui est en jeu ».

À ce titre, dans un contexte global de remise en cause des acquis démocratiques et de montée des populismes, Gustavo Gabriel insiste aussi sur l’importante « dimension normative » du travail de recherche. Il la juge complémentaire à l’analyse des mécanismes politiques et constitutionnels. Il souhaite aussi proposer des pistes de réflexion et d’amélioration institutionnelle sur l’état du fédéralisme, que ce soit en Amérique latine ou ailleurs dans le monde.

Tout en se passionnant pour son sujet – « il faudrait peut être explorer les autres fédéralismes latino-américains dans le cadre d’un post-doc : le Mexique, le Venezuela… » – Gustavo Gabriel veut garder toutes les portes ouvertes. En effet, rappelle-t-il, « on a toujours des impératifs économiques à respecter, des projets familiaux et de vie ». Cela sans compter le stress lié à l’incertitude de trouver un poste universitaire. Gustavo Gabriel souhaite donc rapidement entrer sur le marché de l’emploi et ne se cantonne pas au milieu académique.  Avec la recherche, « j’ai beaucoup appris, j’ai côtoyé des gens formidables ». Mais souligne-t-il, « il y a différentes façons de se développer comme professionnel dans le contexte universitaire : agent de recherche, agent de planification… Il y a des débouchés professionnels en dehors du milieu académique ».

« Il y a des compétences professionnelles qu’on acquiert pendant le doctorat, qui peuvent facilement nous aider à l’extérieur des universités : capacité d’analyse, de rédaction, travail en équipe, gestion des délais… »

Actuellement très investi dans de nombreux projets, dans l’organisation d’évènements et de publications, il reste ouvert : « quand viendra le moment de trouver un poste, j’élargirai mes horizons sans me concentrer uniquement sur le monde académique ». Investi, Gustavo Gabriel l’est notamment au sein de plusieurs centres et groupes de recherche.

Il insiste : il est important pour la relève de ne pas se limiter à sa relation avec sa direction de recherche ou avec les étudiant.es de sa cohorte. Cela est nécessaire pour « se développer en tant que personne, mais aussi afin d’élargir son réseau professionnel ».

Il est aujourd’hui membre du Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ) et de la CREQC, coordonnateur du Centre d’analyse politique – Constitution et fédéralisme (CAP-CF) ainsi qu’affilié au Groupe de recherche sur les sociétés plurinationales (GRSP). « C’est un atout d’être lié à ces différents groupes professionnels : on s’investit à différents niveaux, ce qui permet de solidifier nos réseaux et d’en apprendre davantage sur nos champs de recherche ».

Finalement, Gustavo Gabriel insiste sur l’ouverture d’esprit et la curiosité, au cœur de la vie étudiante.

« Je crois que c’est bon de voir un peu de tout ; d’essayer, de s’investir dans ce qu’on aime, et de se nourrir de différentes expériences qui sont toutes enrichissantes d’un point de vue professionnel (contrats de recherche, d’enseignement, d’édition, d’organisation…). La meilleure façon de s’y prendre, c’est d’explorer, d’être ouvert, de ne pas se mettre de barrières avant d’essayer quelque chose. En tant qu’étudiant.es, c’est un travail d’immersion qu’il est important de faire ; on n’en ressort que plus instruits sur nous-mêmes et le milieu qui nous entoure. »

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