L’IEIM vous présente Bernard Duhaime, professeur de droit international au Département des sciences juridiques de l’UQAM et membre de la CIDDHU
M. Duhaime était président du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires de l’Organisation des Nations Unies
Bernard Duhaime est professeur de droit international au Département des sciences juridiques de l’Université du Québec à Montréal. Il a débuté son parcours professionnel en droit en Amérique latine : il est envoyé au Guatemala, pendant la guerre, avec un mandat de recherche de Droit et Démocratie, portant sur les droits autochtones. En revenant au Québec, il étudie le droit international humanitaire, et constate qu’il existe très peu d’analyses francophones sur le génocide au Guatemala. Il écrit un papier sur ce sujet, qui sera publié. À chaque fois qu’il revenait au Québec suite à des séjours de terrain, il se disait qu’il avait des choses à dire grâce à sa recherche-action, qui pouvaient intéresser les académiques. C’est ainsi qu’il a commencé la recherche.
« J’ai commencé la recherche parce que j’avais des choses à dire ».
Bernard Duhaime, Professeur au Département des sciences juridiques de l’UQAM
Plus tard, Bernard Duhaime devient avocat à la Commission interaméricaine des droits de l’homme et se rend compte que les professeurs ont un rayonnement qui leur permettent d’avoir plus d’incidence sur les choses. Il devient professeur en 2004, au Département des sciences juridiques de l’UQAM, ce qu’il considère comme un privilège. En 2005, il fonde la Clinique internationale de défense des droits humains avec Carole Hilling. En 2014, il intègre le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires du Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui avait alors besoin de renouveler ses membres. Plus tard, il sera le président de ce même groupe. Cette expérience a été très forte. Il se rappelle des moments clés, comme les missions de terrain, et notamment celle au Sri Lanka, lors de laquelle il a vu des scènes perturbantes, en prison, des champs de torture clandestins, des victimes par milliers. Au cours de ses diverses missions, il rencontre de nombreuses familles de victimes, qui cherchent une oreille attentive pour discuter de la situation de leurs proches disparus. Une autre affaire importante lors de son mandat a été l’affaire Khashoggi, qui a fait beaucoup de bruits dans les médias. Il se réjouit de savoir que ce mandat est universel : le mandat porte sur tous les pays, y compris les pays qui ont moins ratifié les instruments internationaux des droits de l’homme, ce qui permet de faire un meilleur travail sur les disparitions forées ou involontaires.
Lors de son parcours, plusieurs personnes l’ont marqué. René Provost, professeur à l’Université McGill, l’a beaucoup coaché pendant son baccalauréat en droit. Bernard Duhaime a également beaucoup travaillé avec Irwin Cotler, ancien ministre de la Justice, avec qui il a collaboré sur le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones. Enfin, Juan Mendez a été important dans le parcours du professeur Duhaime : il a tout changé dans sa vie, il l’a poussé à aller à la Commission interaméricaine des droits de l’homme, et il a rédigé avec lui le rapport sur le terrorisme et les droits de l’homme en 2002.
Bernard Duhaime encadre plusieurs étudiantes et étudiants à la maitrise et au doctorat. Il a deux conseils à donner à ceux et celles qui aimeraient faire de la recherche : (1) se lancer, essayer, ne pas avoir peur d’aller chercher les appuis nécessaires pour apprendre ; (2) s’interroger sur l’angle à donner à son mémoire ou à sa thèse, et réfléchir sur ce qui est utile dans la recherche, notamment parce qu’il y a une deuxième vie après la thèse.
Parmi ses projets actuels ou à venir, Bernard Duhaime a un mandat jusqu’en 2021 au sein du Groupe de travail sur les disparitions forcées. Également, il a récemment publié un ouvrage « Doctrine, Practice, and Advocacy in the Inter-American Human Rights System », co-rédigé avec James L. Cavallaro, Claret Vargas et Clara Sandoval. Il prévoit également de publier plusieurs textes sur le système interaméricain, en plus de rédiger en 2020 un rapport sur la base des consultations faites pendant deux ans dans le cadre du projet « S’ouvrir aux Amériques », financé par la Fondation Trudeau.