L’IEIM vous présente Adam Touré, doctorant au Département des sciences économiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
M. Touré est également récipiendaire d’une Bourse-stage Banque Scotia-IEIM (2020), 9 mars 2020
Originaire de Côte d’Ivoire, où il a complété un baccalauréat en économie et gestion à la Faculté universitaire privée d’Abidjan, Adam Touré poursuit actuellement un doctorat en macroéconomie sous la direction du professeur Julien Martin, titulaire de la nouvelle chaire de recherche stratégique de l’UQAM, la Chaire de recherche sur l’impact local des firmes multinationales.
« Parce que l’économie est dynamique, la recherche dans ce domaine requiert une capacité d’adaptation constante »
Adam Touré, doctorant au Département des sciences économiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
Le projet de thèse d’Adam, intitulé « La mesure et l’analyse de connectivité économique des pays », offre une perspective longitudinale sur une notion clé de l’économie globale. Plus précisément, en étudiant les réseaux d’interconnexions entre les pays, cette recherche contribue à l’avancement des connaissances sur la gestion de l’incertitude par les acteurs économiques et sur le phénomène d’exposition aux risques extérieurs. Au regard de la qualité et du potentiel scientifiques de ce projet, M. Touré a obtenu en février 2020 une Bourse-stage Banque Scotia-IEIM d’une valeur de 3000 dollars (CAN$). Les membres du jury du prix ont voulu souligner son analyse nuancée d’un sujet « chaud », complexe et paradoxalement peu traité dans les travaux francophones d’économie internationale.
Si la crise financière globale de 2007-2008 a servi de catalyseur pour montrer les limites d’un certain modèle économique, Adam retient surtout que ce krach boursier a interrogé « notre capacité d’anticipation des crises ». Face à la volatilité des marchés financiers, M. Touré salue le perfectionnement de méthodes et le développement d’indicateurs qui sont autant d’outils au service des États, des banques et des organisations internationales. Celles-ci d’ailleurs, qu’il s’agisse du Fonds monétaire international ou encore de la Banque mondiale, Adam n’exclut pas d’y faire carrière. Le jeune chercheur confesse aisément qu’en sciences économiques, la théorie n’est jamais très éloignée de son application. C’est précisément cette dimension pratique – « la vocation empirique de la recherche en économie » selon ses termes – qui préside l’ambition de prospective de sa thèse de doctorat. L’objectif étant de guider les décideurs publics dans la formulation de leur politique, en les aidant notamment à mieux connaître leurs partenaires, leur niveau de résistance au risque et leur degré de dépendance commerciale.
Dès son arrivée à Montréal, pour compléter d’abord une maîtrise en économie, M. Touré s’est impliqué dans la communauté universitaire. Il a, par exemple, occupé les fonctions de Vice-président aux affaires académiques de cycles supérieurs de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM. Une position dans laquelle Adam a pu acquérir des compétences en gestion et administration tout en conciliant son engagement universitaire, œuvrant à une meilleure intégration des étudiants en provenance d’Afrique francophone – dont il aime à rappeler la forte présence à l’UQAM – en particulier dans le programme de doctorat en économie.
Largement inspirée de la théorie des jeux, la notion d’incertitude représente le pivot autour duquel s’articulent les travaux d’Adam Touré et ses diverses collaborations scientifiques au sein de l’Université. Ainsi, en février 2020, lors d’un séminaire en présence de représentants de la Banque Nationale du Canada, Adam a présenté les faits saillants d’un rapport de recherche, Incertitude macroéconomique canadienne : mesure, évaluation et effets sur l’investissement, qu’il a co-écrit avec Kevin Moran et Dalibor Stevanovic, respectivement professeurs à l’Université Laval et à l’ESG de l’UQAM. Ces occasions de dialogue entre le monde académique et le milieu d’affaires, le doctorant les affectionnent particulièrement car elles participent, selon lui, à « un travail de pédagogie essentiel pour rendre la science économique accessible à tous ».
Pragmatique, Adam souligne le besoin de réglementation de l’économie mondiale afin de ne pas répéter les erreurs passées, évoquant le caractère erratique du marché immobilier aux Etats-Unis comme principal déclencheur de la dernière récession mondiale. Rationnel, Adam l’est aussi lorsqu’il maintient qu’il ne faut pas négliger le facteur humain dans la prise de décision économique. En écho à la formule de Thomas Risse-Kappen, Adam Touré affirme que les rouages de l’économie mondiale « ne flottent pas dans les airs » mais dépendent, tout au contraire, des choix politiques influencés par la psychologie. Par conséquent, il s’agit de déconstruire l’idée d’un fonctionnement « hors-sol » de l’économie globalisée qui échapperait aux décideurs. En effet, Adam Touré suggère que la gestion d’une crise économique devrait être guidée par cette question : « Parce que la stabilité de l’économie est basée sur la confiance, comment redonner confiance aux décideurs? ». Une interrogation éclairante qui permet ainsi de mieux saisir la pertinence de mener des recherches universitaires sur la connectivité et la gestion de l’incertitude, à la confluence de la macroéconomie et des sciences cognitives.