
L’appui à la sécurité et au renforcement des capacités en Afrique
Vendredi 11 mars 2022, 8h45-17h45, format hybride
Résumé
Le consensus est clair aujourd’hui quant à la multi-dimensionnalité des enjeux de sécurité dans le monde et aux réponses à y apporter. Les vocables ‘sécurité traditionnelle’ et ‘non traditionnelle’ ont depuis déjà un moment cédé la place à la réalisation que des enjeux aux semblants aussi divers que les changements climatiques, les violences genrées, les conflits armés et le terrorisme sont en réalité bien souvent interconnectés. Y répondre – ou du moins appuyer de manière efficace et appropriée la réponse développée par nos partenaires – nécessite donc une approche globale, comprise en termes de liens et ponts à faire entre ces enjeux et entre paliers d’action.
Sans être l’unique espace où l’on retrouve ces enjeux de sécurité et efforts d’action multidimensionnels, l’Afrique a néanmoins été à l’avant-plan en ce qui a trait aux plus récentes réflexions sur les défis et réponses sécuritaires. Dans plusieurs pays du Sahel, par exemple, on observe le croisement entre la précarité alimentaire, les changements climatiques, les défis institutionnels des autorités locales et nationales avec des enjeux de sécurité, incluant des insurrections et des incursions terroristes transnationales. Et c’est notamment d’un point de vue multidimensionnel qu’y sont développées certaines des initiatives les plus innovantes en matière de réponses intégrées.
Cet atelier vise spécifiquement à explorer les approches déployées en matière d’appui à la sécurité par différents acteurs – locaux, nationaux, régionaux, internationaux et les points de jonction entre certaines de celles-ci dans le but de faire le point sur les actions multidimensionnelles récemment mises en place en Afrique. Ainsi, seront abordées différentes politiques et pratiques pour concevoir, gérer et tenter d’enrayer des défis sécuritaires complexes et multiformes, dans un contexte où différents types d’acteurs opèrent de manière autonome ou selon leur mode opératoire propre, mais sont également de plus en plus régulièrement appelés à interagir et même se coordonner avec d’autres types d’acteurs dans le cadre d’initiatives complexes.
Afin de cadrer les interventions, mais également de construire des ponts entre communautés de réflexion, l’atelier porte un intérêt particulier au concept du « renforcement des capacités », qui a peut-être été le plus souvent mobilisé par des experts de sécurité dite traditionnelle, mais qui demande dans la pratique une action multidimensionnelle et appelle à l’implication d’acteurs de différentes natures. Nous entendons par « renforcement des capacités » les actions en appui aux autorités, institutions et autres acteurs nationaux et même locaux pour les permettre de mieux faire face aux défis sécuritaires. Ainsi, si le renforcement des capacités peut être associé, en partie, à des modalités de nature plutôt militaire, il n’en demeure pas moins que les réflexions sur le développement et la gouvernance des dernières décennies ont, elles aussi, mis l’emphase sur les capacités existantes des partenaires comme point de départ à toute action internationale. Au-delà des dimensions verticales et unidirectionnelles souvent associées aux efforts sur le renforcement des capacités, il faut également reconnaître le partage local et horizontal de connaissances et de pratiques en matière de stabilisation et de paix, qu’il s’agisse de pairs (entre pays africains par exemple) ou encore d’acteurs locaux et/ou non traditionnels (associations, organisations religieuses, etc.).
À la lumière de cette conception du concept de ‘renforcement des capacités’, comment concevons-nous aujourd’hui les réponses aux défis sécuritaires de manière innovante, cohérente et complète ? Comment répondre à la multi-dimensionnalité des enjeux de sécurité et au fait qu’ils tendent à se profiler à travers de multiples niveaux ? Comment le faire tout en s’assurant d’une action qui s’appuie et renforce les initiatives, compétences et capacités nationales et locales ? La réponse à ces questions passe nécessairement par les ponts entre secteurs et communautés d’acteurs.
L’atelier vise à aboutir à une conception et des recommandations pouvant nourrir le travail des chercheurs et praticiens. Deux façons de faire sont privilégiées dans le cadre des rencontres : une occasion pour les chercheurs de présenter leurs recherches; mais également un dialogue entre chercheurs et praticiens. Tout au long de l’atelier, des formules visant à briser les rigidités entre milieux universitaire et praticien seront privilégiées.