2002,
La pertinence des principes de droit international
pour le règlement du conflit israélo-palestinien. Rapport de recherche.
[Extraits]
Introduction
Il existe deux approches dans la recherche d’un règlement au conflit israélo-palestinien. La
première se fonde sur le seul rapport de forces entre les parties, et ce sont les diktats du plus fort
qui auront préséance. La seconde consiste à se servir du droit international pour trouver une
solution adéquate susceptible de déboucher sur une paix durable et un système de gouvernement
démocratique. La première approche s’est avérée désastreuse dans bien des conflits au cours de la première
moitié du 20e siècle. C’est ce qui explique qu’après la Seconde Guerre mondiale, on ait négocié
un certain nombre de conventions et de traités internationaux, et élargi la portée du droit
international de manière à prévenir les conflits en cherchant des règlements qui ne soient pas
uniquement fondés sur le pouvoir des plus forts d’imposer leur volonté. Des efforts furent
déployés pour que le système international protège les droits des populations civiles, en
particulier quand ces populations n’étaient pas en mesure de protéger elles-mêmes ces droits. Les
Conventions de Genève de 1949 s’inscrivent dans cette ligne de pensée. L’interdiction de
s’approprier par la force militaire un territoire habité est l’un des principes fondamentaux apparus
au cours de cette évolution1. C’est ce principe qui devrait orienter la position d’un organisme de
défense des droits humains sur une question comme le règlement du conflit israélo-palestinien. Toutefois, on ne peut résoudre le conflit par le seul recours aux dispositions du droit
international. Le droit international n’est pas un système vertical accordant à une autorité
supérieure le pouvoir d’imposer un règlement aux belligérants; il s’agit plutôt d’un système
horizontal au sein duquel les rapports de force ont plus de poids que les dispositions juridiques. Il
n’est donc pas surprenant que l’on fasse certaines entorses au droit international pour
accommoder la partie la plus puissante, ici l’État d’Israël. Toutefois, si on fait complètement fi du
droit pour accommoder le plus fort des deux adversaires, cela peut générer une situation
intenable à deux niveaux : 1) des soulèvements sociaux et l’intensification de la violence, en
particulier si ceux qui sont concernés jugent le règlement injuste; 2) des contestations officielles
des ententes, engagées par des groupes ou des particuliers, qui peuvent s’adresser aux organes
internationaux concernés, mettant de ce fait en péril l’accord de paix. Les experts internationaux
estiment que dans le conflit israélo-palestinien, ces deux modes de contestation d’un règlement
injuste sont possibles et probables2. De plus, on a pu observer jusqu’à présent un sérieux mépris
du droit international. Le conflit israélo-palestinien est le plus long conflit qui ait mobilisé le
système onusien : il figurait déjà à l’ordre du jour de l’organisation en 1945, et il y est resté
jusqu’à aujourd’hui, sans avoir été résolu. Ce principe a été énoncé dans plusieurs résolutions sur le Proche-Orient. On le retrouve aussi formulé à l’article
2.4 de la Charte des Nations Unies dans les termes suivants : «Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans
lerus relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou
l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.» Cette ligne de pensée a été défendue, entre autres, par John Quigley dans Compensation for Palestinian Refugees:
Initial Comments, Compensation as Part of a Comprehensive Solution to the Palestinian Refugee Problem
Conference, organisée par le Palestinian Refugee Research Network, Ottawa, 14-15 juillet1999.
Quels sont les instruments internationaux qui s’appliquent?
Les parties invoquent souvent le droit international quand elles discutent des violations de leurs
droits respectifs et des droits fondamentaux de leurs ressortissants. Nous ne nous proposons pas
ici d’analyser ces violations, mais chercherons plutôt à dégager les éléments qui, dans le droit
international, pourraient contribuer à une éventuelle résolution du conflit. Ces deux dimensions
sont néanmoins intimement reliées. Cela s’explique par la politique du «fait accompli»
poursuivie sur le terrain par Israël, en violation du droit international, dans le but précis de
déterminer à l’avance l’issue des négociations sur un règlement permanent du conflit. […] [Voir le texte en ligne en format pdf]
Documents joints
Nota: Pour la version anglaise de cette étude,
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