Grammaire bienveillante et rhétorique de combat : stratégies discursives des dirigeantes en Islande, en Nouvelle-Zélande et à Taïwan durant la pandémie de COVID-19
Lien social et Poliques, numéro 88, 2022, p. 237-257, 27 juillet 2022, Gauthier Mouton, Priscyll Anctil Avoine
Un article de Gauthier Mouton et Priscyll Anctil Avoine, paru dans la revue Lien social et Politiques, Numéro 88, 2022, p. 237–257
Consultez l’article complet : Des crises sanitaires aux crises politiques
Résumé
La crise sanitaire provoquée par la propagation de la COVID-19 a normalisé la rhétorique « guerrière » comme stratégie argumentative chez plusieurs politicien·nes. Pourtant, les médias de masse ont véhiculé une rhétorique particulière pour les femmes dirigeantes : elles auraient apporté des réponses préventives, efficaces et orientées sur la coopération contre la COVID-19. Aussi, il est à se demander si, depuis le début de la pandémie, les discours prononcés par les femmes dirigeantes prennent le contre-pied des mythes qui associent l’autonomie, la rationalité et l’intérêt national aux hommes et à la masculinité. L’objectif de cet article est d’analyser dans quelle mesure les discours de Tsai Ing-wen (Taïwan), Jacinda Ardern (Nouvelle-Zélande) et Katrín Jakobsdóttir (Islande) mobilisent des analogies guerrières dans la gestion de la crise sanitaire de COVID-19. Suivant un cadre féministe poststructuraliste issu du champ des relations internationales et une méthodologie qualitative basée sur l’analyse thématique des discours, l’article démontre que les dirigeantes mobilisent davantage des discours orientés vers l’assistance mutuelle, le care, les relations hommes-femmes, que vers la guerre, à l’exception de la dirigeante de Taïwan qui, sans adopter un discours guerrier, insiste sur le modèle « combatif » de son gouvernement.