La Force conjointe du G5 Sahel entre défis et incertitudes

11 décembre 2023

Depuis près d’une décennie, le Sahel vit au rythme de la plus grave crise sécuritaire et humanitaire de son histoire récente, ce qui explique la présence de plusieurs acteurs internationaux dans la région. Après une période d’intenses mobilisations pour la stabilisation des États sahéliens en proie à diverses menaces sécuritaires, bien que sans résultats majeurs, les efforts nationaux, régionaux et internationaux de lutte contre l’insécurité se trouvent aujourd’hui dans une impasse. Les coups d’État survenus au Burkina Faso, au Mali et au Niger dans un contexte de graves crises sécuritaires au Sahel ont davantage compliqué la dynamique de coopération régionale qui piétine depuis plus de dix ans. À la suite de la détérioration des relations entre certains pays du Sahel et leurs partenaires internationaux, plusieurs opérations militaires dans la région — opérations françaises Barkhane et Sabre, task force Takuba, mission européenne de conseil et de formation des unités opérationnelles de l’armée malienne, Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) — ont précipitamment pris fin. 

Ces nombreux changements ont eu un impact majeur sur la coopération régionale au Sahel. Les pays de la ligne de front, tels que le Burkina Faso, le Mali et le Niger, manifestent un intérêt croissant pour l’autonomie dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Cela est illustré par la signature par ces trois pays de la Charte du Liptako-Gourma, un pacte de défense mutuelle et de lutte contre l’insécurité qui crée l’Alliance des États du Sahel (AES). Dans ce contexte de reconfiguration de la coopération régionale, la Force conjointe du G5 Sahel (FCG5) lancée en juillet 2017 par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad pour combattre le terrorisme et le crime organisé a-t-elle encore un avenir?

Ce rapport revient sur des défis auxquels la Force conjointe doit faire face dans sa mission. Cette force avait suscité beaucoup d’espoirs dans la lutte contre les menaces sécuritaires au moment de sa création. Après avoir connu une phase de démarrage assez lente, elle semble être aujourd’hui au point mort. Quelles sont les contraintes auxquelles la Force conjointe du G5 Sahel a été confrontée dans sa mission? Ce rapport répond à cette question, en lien avec les crises politiques, l’aggravation de la crise sécuritaire dans la région et les développements récents dans le domaine de la coopération au Sahel. Il est basé sur une combinaison de données issues de la littérature académique, d’articles de presse et de rapports accessibles, mais aussi d’entretiens réalisés dans trois pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali et Mauritanie) et au Sénégal entre 2021 et 2023. Les participants aux entretiens incluent des officiers, mais aussi des chercheurs, des diplomates et des fonctionnaires de certaines organisations intergouvernementales. 

Ce rapport est articulé autour de quatre sections. La première section aborde les défis de la Force conjointe, notamment au niveau logistique, opérationnel et financier. Dans la deuxième section, les dissensions entre les pays membres de la task force sont examinées relativement aux enjeux de coopération régionale. La troisième section traite de la lancinante question de l’instabilité politique dans certains pays membres et de ses importantes implications sur la coalition militaire. Enfin, la quatrième section est consacrée aux dissensions entre certains pays engagés dans la Force conjointe et leurs partenaires régionaux et internationaux. 

Par Moda Dieng, Amadou Ghouenzen Mfondi et Philippe M. Frowd
Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques | Centre FrancoPaix

Rapport de recherche réalisé dans le cadre du projet financé par le CRSH – programme développement Savoir

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