Du son au bruit. Perception et gestion des nuisances sonores ordinaires en Inde / ‘Silenced voices and forgotten struggles’ : les écrits et les combats des deux femmes artistes et courtisanes sud-indiennes Muddupalani (ca.1730-1790) et Bangalore Nagaratnamma (1878-1952)
Mardi 5 décembre 2023, 12h30, en ligne
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Du son au bruit. Perception et gestion des nuisances sonores ordinaires en Inde
Christine Guillebaud, Chargée de recherche CNRS, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC-CREM), chargée d’enseignement à l’Université de Genève
Par son emprise sur notre perception, le bruit imprègne notre environnement et s’inscrit, de manière maîtrisée ou non, dans nos espaces de vie. La recherche en Inde de Christine Guillebaud vise à réhabiliter le bruit comme catégorie d’analyse. Elle s’appuie sur la perception in situ des habitant-e-s, ainsi que sur le travail mené par les juristes, les acteurs publics et les associations dédiées à la maîtrise du bruit urbain. Seront présentées les méthodologies élaborées pour rendre compte de la perception ordinaire, ainsi que les concepts pour qualifier les relations de gêne
‘Silenced voices and forgotten struggles’ : les écrits et les combats des deux femmes artistes et courtisanes sud-indiennes Muddupalani (ca.1730-1790) et Bangalore Nagaratnamma (1878-1952)
Tiziana LEUCCI, CESAH, LAP, EHESS/CNRS, Paris-Aubervilliers
Dans mon intervention j’analyserai les écrits et les combats de deux femmes artistes, actives jadis dans les temples et les cours royales de l’Inde du Sud. Muddupalani (ca.1730-1790), poétesse célèbre en son temps, composa au 18ème siècle, à la cour du roi Marathe Pratapasimha (qui régna de 1739 à 1763), à Thanjavur, un poème érotique en langue télougoue, Rādhikā-sāntvanam (‘En apaisant Rādhikā’), connu aussi comme « L’histoire d’Ila » (Ila Deviyamu), dans lequel elle parle d’elle et de ses ancêtres artistes. Son destin est significatif de la dévalorisation et de la marginalisation qu’a connu sa communauté, puisque son poème a été mutilé et son identité féminine ‘masculinisée’, à la fin du 19ème siècle, par des érudits indiens, pour des raisons morales et politiques. Son ouvrage a été réédité et publié dans son intégralité en 1910, par la savante courtisane et célèbre musicienne, Bangalore Nagaratnammal (1878-1952), pour être ensuite à nouveau censuré, banni et ses copies détruites, malgré les protestations de Nagaratnamma. Cette dernière a combattu pendant toute sa vie pour défendre les droits des femmes de toutes castes à l’instruction, à l’indépendance économique et à l’autodétermination. Le ban sur Rādhikā-sāntvanam a été enfin retiré, en 1952, l’année de la mort de Nagaratnammal.