
« Du ‘Coran marocain’ aux xasaayid. Quels nouveaux enjeux de l’écrit au Sénégal ? »
Jeudi 23 mars 2023, 12h45, en ligne
La Chaire de recherche sur l’islam contemporain en Afrique de l’Ouest a le plaisir de vous convier à la conférence virtuelle d’Anouk Cohen, le jeudi 23 mars 2023 à 12h45 (UTC-4).
« Depuis le début de mon parcours académique, mes recherches portent sur le livre, ses producteurs et ses usagers au Maroc. À la croisée d’une anthropologie des savoirs et d’une anthropologie du religieux, j’envisage le livre comme un champ d’actions et d’expériences impliquant des acteurs, des pratiques, des techniques et des savoir-faire. Après avoir étudié la fabrication des livres littéraires, pratiques, religieux, toutes catégories confondues (Cohen, 2016), j’ai resserré l’analyse autour d’un seul livre : le Coran. J’explore ce livre « sacré » du point de vue des opérations et des individus qui le construisent en tant qu’objet plutôt qu’à travers son contenu auquel on l’identifie le plus souvent. L’ambition centrale de ces recherches est d’examiner comment la multiplication et la diversification du livre du Coran s’articulent avec une modification du rapport des fidèles au texte, à sa transmission et plus globalement à l’islam.
Dans le prolongement de cette démarche, j’ai récemment ouvert la réflexion à un comparatisme à l’échelle des mondes africains de manière à saisir les nouveaux enjeux des travaux su le livre et l’écrit dans ce continent (Mbodje-Pouye & Fiquet, 2009 ; Nativel & Gary-Tounkara, 2012 ; Diagne 2013). Pour mener à bien cette étude, j‘ai examiné les dynamiques de l’imprimerie et du marché du livre, deux champs d’études encore peu connus en Afrique, afin d’explorer les logiques singulières (ou non) d’appropriation de l’écrit et du savoir que celui-ci transmet, ainsi que les performances leur étant associées. Ce questionnement est ancré au Sénégal. Ce choix est né d’un parti pris méthodologique auquel je me tiens fidèlement depuis mes premières enquêtes ethnographiques : me laisser porter par le terrain et suivre l’objet d’étude où il me mène. Le « Coran marocain » , placé au cœur de cette communication, est un exemple éloquent de cette démarche.»
Anouk Cohen est anthropologue, chargée de recherches au CNRS. Elle est actuellement directrice du Centre Jacques Berque à Rabat (Maroc). Ses recherches portent sur les usages sociaux du livre, la matérialité et la sensorialité de l’écrit, leur efficacité pragmatique et leur implication religieuse, religieuse, sociale et économique. Depuis 2019, elle travaille plus particulièrement sur la formation en cours d’une épistémé islamique au Sénégal ainsi que sur la (ré)appropriation du livre du Coran par les femmes au Maroc.