La diplomatie à l’ère du numérique

Dans une ambiance intimiste, le balado « Coup de fil diplomatique » de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) vous propose des regards uniques sur différents enjeux de politique étrangère. Le temps d’un appel, plongez-vous avec nos expert.es dans les grands dossiers de la diplomatie d’hier et de demain.

La diplomatie à l’ère du numérique

Cette année, Coup de fil diplomatique s’est donné une mission : vulgariser l’action diplomatique dans toutes ses dimensions. Et cette fois-ci, le professeur Jérémie Cornut, chercheur associé à l’IEIM, nous éclaire sur les nouvelles pratiques diplomatiques à l’ère des technologies numériques de communication à savoir X – anciennement Twitter – et WhatsApp.  

Extraits : 

Lorsque que j’ai voulu observer les pratiques [diplomatiques], il y a quelque chose qui était très frappant : l’impact des nouvelles technologies. Ces nouvelles technologies ont transformés profondément les façons de faire.

Un des premiers diplomates a utilisé X [anciennement Twitter] de façon régulière et efficace […] est l’ambassadeur des États-Unis en Russie de 2012 à 2014, Michael McFaul. […] Ceci lui a permis de véhiculer les messages, les valeurs et les intérêts américains en Russie. Je pense qu’on peut difficilement comprendre comment Poutine tente de déstabiliser nos démocraties en utilisant les réseaux sociaux […] sans comprendre qu’à l’origine, il a imité le modèle que Michael McFaul avait élaboré.

Les négociations diplomatiques sont un moment intensément relationnel, c’est uniquement parce que les diplomates ont en face deux d’autres diplomates qu’ils comprennent et qu’ils connaissent bien, souvent de façon personnelle […] qu’ils peuvent négocier de façon ouverte.

Les émotions structurent le monde des diplomates. Ils utilisent WhatsApp pour négocier mais également pour créer du lien.

Trump utilise X […] de façon spontanée, intuitive et contradictoire. Il crée des narratifs […] dans le but de gagner une audience et […] de rester au pouvoir. Ces narratifs […] attirent l’attention […] puisqu’il va chercher ce qu’il y a de plus tribal chez la société américaine. […] Il alimente ce tribalisme primitif avec des injonctions, des propos racistes, xénophobes, simplificateurs. Il faut reconnaitre que, dans ce contexte là, X a été un outil très puissant.

Cette recherche met [aussi] en lumière l’utilité pour les diplomates de faire des fêtes et des cocktails […] ce qui est souvent critiqué […]. Cela soulève l’importance pour les diplomates de créer du lien avec leurs homologues car ils ne pourraient pas discuter de questions dramatiques, trouver des ententes sur des enjeux mondiaux majeurs sans avoir des gens avec qui ils ont confiance.

– Jérémie Cornut

Le balado est aussi disponible sur Soundcloud et sur Balados UQAM.

Une émission préparée par Leïla Benabdelouhab, animée par Kim-Mi Bui.