Comment faire régner la cyberpaix
Québec Science, 5 juin 2023, Karine Pontbriand
Entrevue de Karine Pontbriand, professeure à l’Université Deakin (Australie) et chercheure au sein du Groupe de recherche en cyberdiplomatie et cybersécurité (GCC) pour le magazine Québec Science.
Extraits :
« Si tu veux la paix, prépare la guerre. » La professeure en cybersécurité Karine Pontbriand prend cet adage à la lettre. Elle souhaite que nous nous armions pour le prochain champ de bataille : le cyberespace.
Ils ont beau faire moins de bruit que les bombes et les chars d’assaut, les conflits politiques qui se déroulent en ligne n’en sont pas moins inquiétants. Il y a bien sûr la Russie contre l’Ukraine, la Chine contre Taiwan et le Maroc contre l’Algérie, mais aussi la Corée du Nord, qui se finance grâce aux attaques informatiques… Le concept est désormais bien concret.
Si bien que la Croix-Rouge veut qu’un emblème numérique soit créé pour protéger ses systèmes informatiques et ceux des centres médicaux partenaires, en vertu du droit international humanitaire, tandis que les spécialistes des États membres de l’OTAN se réunissent annuellement pour simuler les pires attaques et les surmonter. À une époque où nos infrastructures essentielles sont de plus en plus numériques, la question devient en effet pressante.
Professeure à l’Université Deakin, en Australie, la Québécoise d’origine Karine Pontbriand est spécialiste en cybersécurité. Avec le directeur du Groupe de recherche en cyberdiplomatie et cybersécurité de l’Institut d’études internationales de Montréal, Claude-Yves Charron, elle a codirigé l’essai Préparer la cyberpaix, qui sera publié à la fin mai. Nous l’avons rencontrée.
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Québec Science : Vous publiez un livre sur la cyberguerre et son pendant plus positif, la cyber-paix. Pourquoi aborder ce sujet ? cybersécurité, mais l’ensemble des questions politiques qui se déroulent en coulisse y est peu développé.
Les États utilisent de plus en plus le cyberespace comme outil pour faire avancer leurs intérêts au détriment de la sécurité de cet espace vital dans le fonctionnement de nos sociétés modernes. Pourtant, nous sommes tous interconnectés dans cet espace transfrontalier : une cyberattaque en Europe de l’Est peut avoir des répercussions jusqu’en Amérique du Nord. Les États
Karine Pontbriand : La question de la cyberguerre est encore peu couverte par la recherche, surtout francophone. Dans les médias, on entend souvent parler de cyberattaques et de n’ont donc pas le choix de collaborer pour essayer de stabiliser le cyberespace et de limiter les effets négatifs des attaques.