« L’idée de crime est un concept universel » pouvait-on lire dans un rapport des Nations Unies consacré à l’état de la criminalité dans le monde. Cette prémisse soulève la problématique générique au cœur du colloque qu’organisera le CÉDIM les 5 et 6 juin 2014 à l’Université du Québec à Montréal : d’une part, une partie du discours scientifique sur l’international a contribué à déconstruire la notion d’universel en montrant que son usage occulte souvent des relations de domination ; d’autre part, les débats qui animent la criminologie depuis plusieurs siècles révèlent que l’idée de crime n’a rien d’évidente en soi, que le crime peut être vu comme le produit renégocié de luttes visant à le définir autant qu’à fixer la réponse institutionnelle que l’on entend lui apporter.
C’est la rencontre et la discussion de ces deux perspectives critiques qui animeront ce colloque ; l’intuition sur lequel il repose est que les processus internationaux de criminalisation constituent un matériau privilégié pour saisir tant les pratiques impérialistes, passées et contemporaines, que les termes, consensuels ou dissensuels, de leurs analyses. Ainsi, ce colloque entend croiser plusieurs disciplines et paradigmes en vue d’envisager à l’aide d’une grille de lecture critique comment se déploient aujourd’hui les processus internationaux de criminalisation. À cette fin, son programme s’articule autour de quatre panels. Le premier visera à situer historiquement, géographiquement et socialement la notion même de crime international en revenant notamment aux racines du droit pénal international. Le deuxième panel analysera le rôle et la place des élites politiques ou académiques dans l’analyse théorique et le déploiement pratique de ce droit. Un troisième panel rendra compte des manifestations inédites ou à construire de la justice pénale internationale notamment en matière environnementale ou dans les camps de personnes déplacées. Enfin, un dernier panel réunira les chercheurs et chercheuses interrogeant les prémisses et les produits paradoxaux de la justice dite transitionnelle dont les objectifs sont aussi divers que les modalités. Ce colloque se terminera par la présentation inédite d’un cas illustrant l’hypothèse de ce colloque, soit l’instrumentalisation géopolitique de ce double mouvement de criminalisation des relations internationales et d’internationalisation des criminalités…
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