Brice Armel Simeu a obtenu une maîtrise en relations internationales à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun où sa recherche portait sur les politiques monétaires non conventionnelles dans les mécanismes de stabilisation des crises financières, avant d’entamer son doctorat en science politique à l’UQAM, sous la direction de Michèle Rioux. Ses intérêts de recherche en Économie politique internationale portent principalement sur les accords commerciaux, la géopolitique du commerce international, les guerres commerciales, les firmes multinationales du numérique, la gouvernance d’internet, la globalisation des données, la diplomatie commerciale, le régionalisme. Sa recherche doctorale se penche sur la question de la gouvernance des données et les rapports entre les États et les entreprises du numérique. « J’observe le poids croissant de ce qu’on appelle les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) dans la gestion des données et comment cela influe sur leurs rapports de force aux États dans les espaces de libre-échange », souligne-t-il. Selon lui, la libéralisation économique, qui a permis à ces entreprises transnationales de gagner en force et en importance, a également engendré une déterritorialisation de l’information. « Les données n’ont plus de frontières, et cela soulève des questions importantes. Par exemple, comment les interactions entre les États et les grands acteurs du numérique, avec leur mainmise sur les données des entreprises et des citoyens, va-t-elle se traduire dans les rapports de force ? ». En tant que chercheur au Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM), Brice Armel Simeu souhaite comprendre comment le Canada dans le cadre de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (« ACEUM », la nouvelle itération de l’ALENA signée en juillet 2020), mais aussi dans le cadre de l’Accord Économique et commercial global (AECG) signé avec l’Union Européenne, peut s’appuyer sur des démarches et dispositifs d’intelligence compétitive à l’international, pour anticiper et survivre à des chocs systémiques comme ceux de la COVID-19. Cette question de recherche, lui a valu une bourse de recherche de l’Institut d’Études Internationales de Montréal et du Ministère des Relations Internationales et de la Francophonie du Québec. Elle souligne par ailleurs la nécessité d’un renforcement institutionnel, mais aussi d’une prise de conscience collective quant à l’importance des données (big data) et du pouvoir des Big tech (firmes transnationales technologiques) sur la régulation et la normalisation. Ainsi, Brice Armel aimerait vivement participer à éclairer les citoyens et les acteurs publics sur la façon dont la question stratégique de la gouvernance des données agit sur le rapport aux acteurs privés notamment dans la globalisation post-COVID-19. Sans une certaine forme de régulation sur laquelle les pouvoirs publics exercent toujours une forme d’influence, Brice Armel émet un pronostic inquiétant : il craint qu’un transfert d’autorité risque de s’opérer entre les GAFAM et les gouvernements. « Demain, ce sera peut-être Google qui dira à tel État comment se comporter avec ses données, parce que c’est Google qui les détient et les gère. »