
Atelier 7 : Mobilité et flux migratoires internationaux : le poids des politiques économiques et sécuritaires et leurs conséquences sur les droits humains et le changement social
Mercredi 15 octobre 2014 de 11h00 à 12h30, Université d'Ottawa
Avec la participation d’Idil Atak, Rachad Antonius, Jacques Barou, Micheline Labelle, Dietmar Loch et Sid Ahmed Soussi.
Dans le domaine de l’immigration internationale, les théories interprétatives des facteurs «push et pull» ont subi de profonds changements. Le concept de mobilité s’est imposé dans diverses disciplines et tend à défendre la thèse de la fluidité, sans obstacles, de la circulation des biens et des personnes. La mobilité remettrait en question les États nations et les frontières géographiques, et devient pour les immigrants une stratégie individuelle et familiale, etc. A telle enseigne, qu’elle nous obligerait à repenser des notions comme la citoyenneté, la souveraineté de l’État, les frontières et l’appartenance.
Et pourtant, les États souhaitent bénéficier d’une immigration contribuant à leur croissance économique, mais craignent les migrations qui accroissent les populations pauvres de leur pays, déstabilisent leur équilibre culturel et multiplient les conflits internes. Une telle contradiction s’est traduite au cours des années par une multiplication des réglementations nationales et régionales régissant le flux migratoire. La conception des politiques migratoires est de plus en plus subordonnée aux politiques de l’emploi et aux politiques de sécurité. Cette dernière a gagné en puissance. Les États ont mis en place des mesures préventives et répressives au nom de la protection de l’intégrité des frontières et du système d’immigration et d’asile. Les législations nationales relatives à l’asile et au séjour des étrangers sont devenues de plus en plus restrictives. La politique des visas, le contrôle accru des frontières, les sanctions contre les transporteurs, la détention et le renvoi forcé sont autant de mesures prises tant en Europe qu’en Amérique du Nord. Face à ces mesures restrictives, les étrangers, notamment les demandeurs d’asile et les migrants irréguliers, éprouvent des difficultés majeures pour accéder à la justice et à la protection effective de leurs droits fondamentaux. Par ailleurs, les Etats poursuivent des politiques de plus en plus sélectives visant à maximiser les avantages économiques de l’immigration. Le nombre de travailleurs migrants temporaires et détachés (pour reprendre la catégorisation de l’Union européenne) augmente considérablement dans les pays industrialisés. Peu qualifiés, les travailleurs migrants à bas salaires représentent une force de travail flexible avec peu de droits. Ils se trouvent légalement, économiquement et socialement marginalisés. Ces politiques s’avèrent contreproductives. Elles augmentent la migration irrégulière et créent un environnement propice au trafic de migrants et à la traite d’êtres humains. Le débat houleux sur la migration contribue au racisme et aux sentiments xénophobes dans de nombreux pays.
Dans ce contexte, diverses questions se posent dans le champ de l’immigration internationale. Les théories de la mobilité s’appuyant sur la notion de circulation peuvent-elles vraiment être rendre compte des nouveaux flux migratoires internationaux ? La mobilité est-elle une stratégie libre, individuelle et collective, reposant sur des réseaux transnationaux susceptibles de «faire face aux enjeux du monde actuel»? La vision selon laquelle les migrants développent une conscience globale et une sociabilité cosmopolite est-elle juste? Comment tenir compte des facteurs de classe, de genre et d’origine dans ces débats? Quelles stratégies permettent de réconcilier les préoccupations sécuritaires des États avec les droits et libertés de chacun, dans une conception élargie de la citoyenneté? Quels sont les impacts des nouvelles migrations sur les modes d’incorporation économique, politique et culturelle selon les contextes nationaux et sur les champs de recherche eux-mêmes?
QUAND: Mercredi 15 octobre 2014 de 11h00 à 12h30
LIEU: Université d’Ottawa (local à venir)
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